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La psycho
dans Signes & sens
Synchronisme et synchronicité |
La relation entre des événements psychiques, ou psychiques et physiques, fait partie des manifestations étranges qui nous interpellent à certains moments de notre existence. Certains les considèrent comme de simples faits du hasard ou de pures coïncidences. Par seul souci de se rassurer ou demeurer dans un cadre « rationnel » ? Par peur du ridicule ? Toujours est-il que nous avons tous observé ces « coïncidences simultanées et significatives dans l’espace-temps » que Jung a appelées « synchronicité », assimilées à une « accumulation de faits synchrones qui défient le hasard ».
Ces évènements sèment le trouble dans notre entendement rationnel où la perte de la logique fait s’effondrer nos repères spatio-temporels. Ces phénomènes, toujours d’après Jung, montrent que des évènements que nous croyons connaître, parce que nous les percevons ou que nous les soupçonnons avec un sens intérieur, ont très souvent ainsi des correspondances dans la réalité extérieure…
Différence entre synchronisme et synchronicité
Le hasard existe-t-il ? C’est bien là toute la question essentielle qui hante l’esprit des mathématiciens et des philosophes depuis des siècles. Jung a édifié une théorie avec le mathématicien W. Pauli sur la connexion des faits dont la relation se situe dans un rapport a-causal et im-motivé, c’est-à-dire n’étant pas dans une dépendance de causalité ou de déterminisme. Le synchronisme est à différencier de la synchronicité. Dans le premier cas, il s’agit d’évènements n’ayant aucun point commun. Exemple : Si je casse un verre au moment même où se fait entendre le bang du mur du son d’un avion, il y a synchronie ou coïncidence entre les deux évènements. Vouloir donner un sens à mon acte manqué, par rapport à la déflagration du son, relève de la superstition et d’un non-sens. Dans la synchronicité, la simultanéité des évènements est à percevoir au niveau d’un invariant situé dans le contenu symbolique qui rend le lien significatif. Exemple : Si je m’apprête à signer un projet de coopération ou d’association avec un futur partenaire et qu’à cet instant, je reçois un appel téléphonique d’une amie m’annonçant le mariage d’un de ses enfants, je peux dire que les deux évènements se situent dans un espace-temps de synchronicité, contenant un sens symbolique commun : l’union. Si elle m’avait annoncé un divorce, je devrais reconsidérer ma position quant à mon projet.
Une expérience du Soi
La loi des séries, bonnes ou mauvaises, fait partie de ces évènements qui nous unissent, lors de passages de notre vie, à une structure temporelle de synchronicité. Les évènements apparaissent alors comme étant écrits. L’expérience de synchronicité n’est à considérer qu’au travers de la symbolique qui s’en déduit. Tout observateur extérieur et indépendant du processus ne peut en comprendre le sens. Les signes ne concernent que celui, celle ou ceux qui se trouvent au sein de la connexion de synchronicité. Tout individu peut vivre des périodes de synchronicité, mais encore faut-il que son esprit les accepte comme une expérience du Soi. L’homme clivé, se cramponnant au rationnel, occulte la partie de son Moi le reliant aux archétypes de l’inconscient collectif. Il se prive ainsi de son être total que Jung a appelé l’être individué et s’enferme dans son cogito ergo sum. Jung dira : L’inconscient collectif est commun à tous les Hommes ; il est le fondement de ce que l’Antiquité appelait « la sympathie de toutes choses »... Nous avons besoin des expériences synchronistiques pour justifier l’hypothèse d’un sens latent qui soit indépendant de la conscience... L’hypothèse d’un sens latent confère à l’humain une véritable raison d’être.
Sylvain Rayol
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