La psycho
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      L'enfant victime
      d'abus sexuels familiaux

      L'enfant victime d'abus sexuels familiaux
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      Les agressions sexuelles, sur les mineurs en particulier, ont malheureusement toujours existé mais, jusqu'à la première moitié du XXème siècle, elles étaient tues pour la plupart. Il est une évidence que l'après Mai-68 a bousculé positivement les mentalités en matière de liberté tous azimuts. La jeune génération s'est libérée des diktats parentaux, ne voulant plus plier systématiquement devant eux ou ployer sous leur joug...

      Une fois ces chaînes cassées, les langues se sont déliées. Les femmes ont osé quitté le foyer conjugal pour aller travailler. Elles ont revendiqué le droit de s'occuper d'elles, fréquentant salons d'esthétique et salles de sport, malgré les réprobations fréquentes de l'époux à l'époque ! Filles et garçons ont peu à peu pris l'habitude de s'émanciper comme leur mère et de parler plutôt ouvertement de ce qui n'allait pas. Françoise Dolto a largement contribué à ce mouvement. Cependant, lorsqu'un adulte abuse d'un enfant, les résistances à dénoncer ce drame peuvent voir s'installer, le plus généralement pour toujours, un mutisme pernicieux...

      L'inceste au cœur de la fratrie


      La découverte de cette forme d'inceste est difficile dans la mesure où, comme l'expliquent la psychologue Frédérique Saint-Pierre et la travailleuse sociale Marie-France Viau, " c'est souvent au sein de sa fratrie que l'enfant fait ses premières découvertes sexuelles. C'est avec ses frères et sœurs qu'il joue, se compare et observe. La curiosité sexuelle est normale chez les enfants et certains comportements sexualisés font partie intégrante de leur développement psychosexuel. Il n'est pas toujours facile pour les parents de discerner les rapprochements physiques normaux de ceux qui sont inappropriés et abusifs, voire agressants, entre les membres d'une famille. ". Où se situe la frontière tout de même ? Frédérique Saint-Pierre et Marie-France Viau spécifient qu' " on ne peut plus parler de curiosité ou de jeux sexuels normaux quand les gestes sont répétés, insistants, intrusifs et, surtout, lorsqu'il n'y a plus d'accord mutuel entre les deux enfants, mais plutôt un rapport de force où l'un domine l'autre. "...
      . Marie-Christine, 62 ans, professeur des écoles, se sent coupable de l'alcoolisme de son frère : " Nous avons 6 ans de différence. Il est mon aîné. Quand mon père est décédé, ma mère s'est mise à boire et comme elle ne faisait que quelques ménages et que l'argent manquait, nous vivions chez ma grand-mère maternelle. Deux ou trois fois, je ne sais plus, mon frère m'a attirée dans le grenier en m'assurant que nous allions jouer ensemble. Ça m'étonnait parce qu'il ne m'aimait pas et pouvait être violent physiquement avec moi. Après m'avoir demandé d'enlever ma culotte, il me touchait. Puis il baissait son pantalon et me faisait voir ce qu'il voulait que je lui fasse : c'était une masturbation que j'accomplissais malgré moi. Je savais que c'était mal mais j'avais peur de lui. Il avait 14 ans et moi 8... Je n'ai jamais révélé ce secret à personne. Mon frère est devenu délinquant et alcoolique. J'ai toujours pensé que si j'avais raconté à ma mère ce traumatisme au moment des faits, il n'aurait pas mal tourné mais elle n'arrivait pas à s'assumer elle-même... Alors, j'ai gardé cette souffrance au fond de moi et je suis salie à jamais... "...
      Dire ou ne pas dire dans ce type de cas est complexe. Dire crée un effondrement de la structure familiale car les parents éprouvent énormément de difficulté à croire que leur propre enfant ait pu commettre un axe aussi grave qui ne colle pas avec l'éducation donnée sous leur toit. Ne pas dire engendre un traumatisme à vie.

      L'inceste parental


      L'agresseur peut être le père, le grand-père, l'oncle, le cousin, le beau-père, mais aussi la mère, même si cette évidence reste encore taboue, ce qui est un comble ! L'inceste maternel profite des soins d'hygiène corporels, qu'elle accomplit de façon trop intense et anormalement longue, investissant toutes les zones corporelles les plus érogènes. Frédérique Saint-Pierre et Marie-France Viau soulignent que " ces gestes, pratiqués en toute intimité, sont néanmoins fort nuisibles pour le développement de l'enfant dont le corps est submergé de sensations insensées qu'il n'est absolument pas en mesure d'intégrer normalement dans une représentation de lui-même et de son corps. "...
      . Jean, 44 ans, musicologue, dévoile à son psychothérapeute ce qu'il est sûr d'être à l'origine de son divorce : " J'avais constaté que ma femme s'enfermait dans la chambre de notre fils pour le changer. Intrigué, je suis entré un jour brutalement dans la pièce et la scène que j'ai vue m'a traumatisé. Notre bébé avait alors 3 mois. Elle faisait des va-et-vient dans son anus avec un thermomètre. En me voyant, elle a sursauté et a bredouillé, mal à l'aise, que le petit était constipé et que l'utilisation de cet objet réglait ce problème ! Partant de là, elle m'a dégoûté et rien n'a plus été pareil entre nous. Je me suis renseigné auprès de ma mère - sans lui parler de l'attitude de mon épouse - pour savoir ce qu'il fallait faire quand un nourrisson était constipé. Contre toute attente, elle m'a répondu qu'autrefois, les grand-mères chatouillaient l'orifice anal avec du persil mais, comme ça marche rarement, l'idéal était de parler des problèmes digestifs du petit avec le pédiatre. Peut-être que ma femme s'est étayée sur des pratiques ancestrales mais je ne suis jamais arrivé à me détacher de cette vision traumatisante pour moi et je suis certain que j'ai tout fait à partir de là pour me séparer d'elle...". Frédérique Saint-Pierre et Marie-France Viau rappellent d'ailleurs que " le parent non agresseur voit sa vie bouleversée par l'impact du dévoilement de l'agression sexuelle de son enfant. ".
      S'il est une personne qui devrait assurer la protection de sa descendance, c'est bien le père. Pourtant, combien de pères borderline abîment chaque année définitivement leur fille et/ou leur garçon ? Les chiffres ne présentent que peu d'intérêt car ils sont approximatifs du fait de l'impossibilité pour un grand nombre de victimes à dénoncer leur bourreau. La raison principale est la honte mais aussi une culpabilité démoniaque puisque l'enfant sait très bien que la " cellule " familiale va être détériorée...
      . Réjane, 40 ans, vendeuse, fille unique, avait décidé de porter plainte contre son père lorsqu'elle serait majeure. Il l'a incestée de 11 à 18 ans : " Dès qu'il a su que j'étais réglée, il a commencé ! Il faisait ses cochonneries pendant mes règles. Sûrement pour que je ne tombe pas enceinte. Tandis qu'il me pénétrait, il me mettait sa main sur ma bouche en me menaçant de me mettre à l'orphelinat 'si je l'ouvrais'. C'est ce qu'il me disait au début. Quand j'ai grandi, il me répétait que si je parlais il se suiciderait. Je le croyais. Il s'est tué en voiture le jour de mes 18 ans ! ". Quelques mois après le décès, Réjane a livré à sa mère toutes les agressions sexuelles que cet homme lui avait fait subir : " Elle s'est mise dans une rage folle en criant que si j'allais répandre mes mensonges auprès de qui que ce soit, elle se suiciderait ! Les mêmes menaces que mon père m'assénait. J'ai compris qu'elle savait et qu'elle n'était jamais intervenue pour ne pas divorcer vu qu'elle ne travaillait pas... J'ai fait ma valise, je suis partie et je ne suis plus jamais revenue à la maison. Elle est morte 5 ans après d'un cancer du sein. Je ne suis pas allée à son enterrement et, avec le recul, je regrette de m'être obligée à assister à celui de mon père. Je sais que ma frigidité et mes déceptions amoureuses viennent de ce que j'ai vécu..." ...
      Frédérique Saint-Pierre et Marie-France Viau tiennent à rappeler que " malgré tous les efforts de prévention et d'information auprès des enfants, ceux-ci restent vulnérables. Ils sont désavantagés dans un rapport de force avec un adulte ou une personne plus âgée qui exerce une influence sur eux, soit parce qu'il s'agit d'une personne qu'ils aiment, soit parce qu'ils se sentent menacés ou manipulés. Il n'est pas facile de dire non à un adulte en position d'autorité, surtout lorsqu'il fait partie de l'entourage de l'enfant. Or, c'est ce qui arrive la plupart du temps lorsqu'un enfant est agressé. On ne peut demander aux enfants d'empêcher une agression sexuelle de se produire alors que nous-mêmes, adultes, ne savons pas comment enrayer ces crimes... ". Si ce constat est réel, il peut sembler défaitiste uniquement abordé sous l'angle de la répression. Effectivement, en matière de prévention et en dehors des recommandations habituelles faites aux tout-petits, il est un devoir de rappeler l'importance de la vraie communication à la maison. S'il est sympathique, bien qu'inutile de demander à son héritier s'il a bien mangé à la cantine puisqu'il répondra toujours par l'affirmative (!), il est primordial d'aimer son enfant en fonction de son évolution psychogénétique. Entendons par-là que ses besoins affectifs changent en permanence et qu'il faut y répondre de façon adaptée. Le schéma identificatoire conseillé est le suivant :
      - Maman, je m'aime comme tu m'aimes : de 0 à 6 ans (la période d'élaboration psycho-affective, englobant la première phase œdipienne de 3 à 6 ans).
      - Papa, j'aime les autres comme tu aimes les autres : de 6 à 11 ans (la période de construction sociale).
      - Chers parents, je vais aimer une femme (ou un homme) comme vous vous êtes aimés dans votre vie de couple : de 11 à 18 ans (la période de réactivation de l'Œdipe jusqu'à sa résolution).
      Il n'existe pas de meilleur soutien pour le devenir du petit d'Homme. Toutefois et compte tenu de l'histoire de la triade familiale, ce contexte affectif n'est pas toujours aussi idéal, pouvant se révéler difficile à appliquer mais, l'essentiel, est de s'en approcher. Une petite consolation tout de même : Sigmund Freud en personne affirmait que le métier le plus dur était celui de parent !

       

      Isabelle Sergent

       

      * À lire :
      " L'enfant victime d'agression sexuelle ",
      Frédérique Saint-Pierre - Marie-France Viau,
      Éditions CHU Sainte-Justine.



       

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