Blaise Pascal,
un maniaco-dépressif ?

 
Blaise Pascal, un maniaco-dépressif ?
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En l’an de grâce 1623, le 19 juin, la noblesse de robe clermontoise enregistra la naissance d’un petit garçon nommé, par son baptême en l’église Saint-Pierre, Blaise Pascal… La future figure emblématique d’une province, voire d’un pays tout entier mais aussi la littérature française et des recherches scientifiques du dix-septième siècle, venait de s’incarner…

Sa mère, Antoinette Bégon, alors âgée de vingt-sept ans, est une femme douce, réservée, généreuse, pleine de dévotion, sorte de “ mère idéale ” ; dotée d’une santé fragile, elle est issue d’une branche de commerçants installés à Clermont-Ferrand depuis la fin du seizième siècle ; prisonnière de traditions religieuses austères, elle s’adonne à la pratique du culte avec ferveur. Le père de Blaise, Étienne Pascal, descend d’une très ancienne famille auvergnate de magistrats, de négociants et de financiers dont un des aïeux fut même anobli par le Roi Louis XI ! Lui-même détient la charge de Second Président en la Cour des Aides de Montferrand. C’est un homme autoritaire, décidé, impulsif, d’esprit curieux, ayant suivi des études de droit à Paris, s’intéressant aux sciences et passionné de mathématiques, croyant mais de caractère superstitieux, empreint d’une certaine rigidité morale, sans être toutefois ascétique ; il achète une maison, rue des Gras, que l’on dit étrange et sans joie, dans laquelle naissent ses enfants : l’aînée, Anthonia, morte prématurément, puis Gilberte et Blaise, celui-ci symbolisant, pour le couple parental, l’héritier assurant la continuité patronymique.

Un père pour unique maître


Blaise, enfant anxieux, dépressif, est, en bas âge, pris de convulsions. Il souffre en outre d’une peur panique de l’eau, et la naissance de sa petite sœur Jacqueline n’arrange rien. Blaise, accroché à l’objet d’amour maternel, connaît sa première grande déception amoureuse et cette blessure narcissique le fait sombrer dans la mélancolie. S’étant fantasmé le préféré de sa mère depuis sa maladie, il ressent comme une trahison l’arrivée de sa puînée. Il se vit dès lors abandonné, subit du même coup le sevrage du sein, éprouvant là une perte douloureuse. Blaise développe beaucoup d’hostilité envers sa mère. En 1626, l’enfant vient juste d’avoir trois ans lorsque celle-ci meurt sans que l’on sache réellement les raisons de son décès. Son père décide de ne pas refaire sa vie. Il élève ses trois enfants, assisté d’une domestique, Louise Delfaut, surnommée ma fidèle par sa défunte patronne. Gilberte, encore jeune enfant, choisit de suppléer l’amour maternel auprès de ses deux puînés. Fille intelligente et belle, généreuse, douce et démonstrative, elle tente de comprendre ce jeune frère au comportement plutôt déconcertant. Dès qu’il est en âge de s’exprimer, celui-ci fait montre d’un esprit avide de connaissances. Énergique, il interroge ses proches, recherchant sans cesse des réponses. Il oscille déjà entre un tempérament impatient, impulsif enthousiaste, fougueux, orgueilleux puis une attitude sombre, tourmentée, signes d’une mélancolie latente. Toutefois, sa capacité de raisonnement et son esprit d’observation sont hors du commun au point que son père, ayant décidé de l’instruire, devient son unique maître. Il souhaite ainsi protéger son fils d’un enseignement scolaire utilisant une méthode stéréotypée et, selon ses dires, déjà complètement sclérosée. Il tire parti des préceptes de Montaigne, conçus pour vivifier l’envie de l’écolier, le laissant libre d’intégrer, vérifier et exposer ce qui lui est enseigné et ce, à sa propre vitesse. Cette relation de maître à élève permet au chef de famille, en premier lieu, d’apaiser une névrose d’abandon aiguisée par le décès de son épouse. L’année 1631 voit la famille Pascal quitter Clermont pour Paris. Étienne, après avoir vendu ses charges et sa maison à son frère, vit désormais de ses rentes. À douze ans, Blaise Pascal compose un traité sur les sons, faisant suite à l’observation d’une assiette en faïence heurtée par un couteau. Il réinvente la géométrie pendant ses récréations, seul, sans l’aide de personne, son père refusant de l’initier aux mathématiques avant ses seize ans, lui interdisant même d’y penser ! Blaise attend pourtant une reconnaissance de son géniteur. Celui-ci, ne s’autorisant aucune démonstration de satisfaction en la présence de son fils, part pleurer de joie chez son meilleur ami, abandonnant son enfant à un sentiment d’échec. Cependant, le père finit par reconnaître le génie de son fils et lui achète des livres traitant de géométrie. Il va jusqu’à le faire assister en sa présence aux réunions de l’Académie de Mersenne qui regroupe tous les grands scientifiques du moment, lui permettant ainsi de participer aux travaux et de donner son avis. Au sein de ce groupe d’adultes, le jeune Blaise développe son esprit avec une rapidité rare.

Rivalité fratricide et angoisse de castration


En mars 1638, l’État Français, au bord de la faillite, est contraint de supprimer toutes les rentes allouées. Nombre d’individus ruinés manifestent violemment auprès des autorités de l’État et certains meneurs sont emprisonnés. Étienne, ayant participé aux événements, choisit de se dérober afin d’éviter toute sanction. Ainsi le chef de famille prend la fuite, seul, et se réfugie à Clermont. C’est alors sa fille Jacqueline qui entre en “ scène ”. Celle-ci, dotée d’un esprit brillant et original, férue de poésie et de théâtre, est amenée à interpréter devant Richelieu “ L’amour tyrannique de Scudéry ”. Richelieu adresse à Jacqueline ses louanges. Jacqueline en profite pour obtenir la grâce paternelle, accompagnée d’une fonction de “ Commissaire député par sa majesté en Haute-Normandie pour l’impôt et la levée des tailles ”. Ceci incite Blaise à fantasmer sa sœur détentrice d’un plus dont il se vit dépourvu, le “ phallus ”, fortifiant ainsi une rivalité fratricide ayant pour thème le gain de l’amour du père. Étienne, muté à Rouen, ville en pleine révolte et écrasée par la misère, y représente l’autorité royale et participe à la répression sanglante touchant le peuple. Il assiste en place publique à diverses pendaisons en présence de son descendant et devient de fait l’agresseur, amplifiant l’angoisse de castration de son fils, celle-ci devenant de plus en plus pathologique.

Une “ maladie du désir ”


À l’âge de seize ans, Blaise Pascal élabore un traité sur les coniques. Il émerveille ses contemporains en exprimant une maturité et un esprit phénoménaux que l’on ne trouve généralement pas avant trente ans chez un homme. Néanmoins, au moment où son ouvrage est présenté à Descartes, autorité suprême en la matière, ce dernier croit au travail du père et refuse de le cautionner. À cette époque, Blaise est un brillant jeune homme qui parle le grec, le latin et l’italien. Il s’intéresse aussi à la philosophie, à la physique, lisant Montaigne, Corneille, Descartes. Il possède une mémoire fabuleuse. Travailleur acharné, ne s’attribuant aucun divertissement, il s’identifie de plus en plus à son géniteur, adoptant en totalité ses idées, ses opinions et ses concepts. L’inconscient de Blaise développe ainsi un idéal du Moi. Si jusqu’à dix-huit ans, sa mélancolie reste à l’état latent, il a tout de même été un enfant fragile, souvent perturbé par des douleurs gastriques, subissant des troubles de l’humeur, passant d’un état enjoué à un état maussade. L’année 1641 voit l’apparition des premiers graves symptômes qui expriment une maladie du désir. Ce sont des maux de tête insupportables, empêchant le moindre travail intellectuel, assortis de dérangements intestinaux le tenant couché plusieurs jours et inhibant la totalité de son être. Les symptômes faisant suite à la réactivation de sa première grave blessure narcissique, le ramenant à la perte de l’objet aimé. En effet Gilberte, sa sœur aînée, qui jusque-là jouait le rôle de mère de substitution, vient de se marier avec son proche cousin de quinze ans son aîné et quitte le domicile familial. Blaise Pascal connaît alors une phase dépressive. Son narcissisme, de plus en plus défaillant, laisse place à un sentiment d’infériorité et à la jalousie. Il est persuadé d’avoir perdu l’amour de son aînée. Ne pouvant exprimer ses sentiments ambivalents, il pense être incapable d’aimer et d’être aimé. Sa libido, mise en retrait des objets extérieurs, le confine à des travaux de recherche dès que sa santé le lui autorise.

Un état maniaque inventif


En ces temps-là, associé à son père qui œuvre à la collecte des impôts, Blaise Pascal a l’idée d’inventer la première machine à calculer. Il veut ainsi soulager leur labeur. Plusieurs années sont nécessaires pour mettre au point cette découverte. Il espère en fait prouver à son père qu’il est digne d’être aimé puisque capable de créer ce que personne au monde  n’avait su réaliser avant lui. Il conçoit cinquante modèles différents, autant au niveau du mécanisme que des matériaux utilisés. Un événement cependant faillit stopper ses recherches : un horloger de la ville de Rouen lui fait concurrence ; de dépit, il veut abandonner ses travaux mais encouragé par son entourage et rentrant dans une phase maniaque où rien n’est impossible, ne connaissant plus de limites, il boucle son projet et attaque celui de son adversaire reconnu de moindre qualité, avec une fureur terrible, prêt à le détruire, y compris son inventeur, le ridiculisant aux yeux de tous. Blaise retire de ses pamphlets une jubilation démesurée. Les années qui suivent voient des périodes de dépression alternées de phases maniaques ou de périodes dites “ intermédiaires ”. Blaise, être anxieux, doute de lui et donc des autres. Sa sensibilité est exacerbée. Il est épris de vérité et obsédé par l’idée de la mort, se replie de plus en plus sur lui-même, bien qu’essayant de s’en défendre lors de ses états maniaques au cours desquels, dépassant momentanément ses angoisses, il retrouve de véritables désirs.

Le jansénisme et le vide
En hiver 1646, alors qu’Étienne veut interdire un duel au sein de la communauté rouennaise, il glisse sur le verglas et se blesse à la jambe. Il est soigné par les deux frères Deschamps, jeunes médecins ralliés à la cause janséniste, nouvelle doctrine ayant une conception de la religion catholique excessivement plus austère que celle pratiquée majoritairement, ce qui correspond aux aspirations de Blaise. Lui, non pratiquant jusque-là, devint un fervent converti, poussant sa famille à suivre son exemple. Puis, débute l’époque des expériences sur le vide. Blaise fait la preuve de son existence en développant les recherches commencées par le savant italien Toricelli et s’impose comme un physicien célèbre. Alors en pleine euphorie, survolté par la récidive d’une phase maniaque aiguë, où toute inhibition s’effondre, il connaît des sentiments de toute-puissance, de contentement hors norme. Il s’attaque à un ancien Capucin, le Frère Saint-Ange, un opposant au mouvement janséniste. Celui-ci propose, selon Blaise, des théories bien trop téméraires. Aussi Pascal exige-t-il qu’elles soient désavouées. L’ancien Capucin refuse mais se voit alors menacé d’être déféré devant l’Inquisition. Apeuré, il se rétracte. Blaise, pris de culpabilité et saisi d’une angoisse de rétorsion, sombre à nouveau dans la dépression, le bas du corps totalement paralysé jusqu’à la ceinture. Il est alors contraint de se déplacer avec des béquilles, subit des douleurs intestinales et cérébrales épouvantables. Il ne peut plus rien absorber, hormis les liquides chauds et encore, au goutte-à-goutte, ce qui le renvoie inconsciemment à son désir de retrouver le bon sein maternel. Blaise développe maintenant une attitude paranoïaque, mettant en avant un délire de persécution, avec forte anxiété. Il ne se plaint paradoxalement pratiquement jamais, luttant contre sa haine, en la retournant contre lui-même.

Un triangle conflictuel


Sur les conseils de la médecine, Pascal part pour Paris, accompagné de Jacqueline, en ayant pour injonction de renoncer à tout effort mental suivi. L’année suivante, son père, abandonnique, ne pouvant rester seul, démissionne de ses fonctions et les rejoint. Blaise continue ses activités en fonction de ses dispositions. Les expériences effectuées au Puy-de-Dôme par son beau-frère et à la Tour Saint-Jacques de la Boucherie à Paris, selon ses soins, prouvent la pesanteur et la pression de l’air. Toutefois, il est attaqué par un Jésuite, le Père Noël. Celui-ci tourne ses théories en ridicule dans un livre intitulé “ Le plein de vide ”. Le jeune scientifique se défend par courrier et accumule une rancœur terrible envers tous les Jésuites, rancœur que l’on retrouve plus tard, lors de ses prises de position, au cœur des “Lettres à un provincia”. Jacqueline, qui désirait rentrer dans les Ordres, supputant la réaction paternelle, fait intervenir son frère qui mène encore de front sa vie scientifique et religieuse. Le chef de famille rejette la demande. Pris d’une colère noire, il profère mille reproches à l’encontre des deux jeunes gens qu’il soupçonne de s’être ligués contre lui. Il les fait désormais suivre et espionner par sa fidèle servante et finit par se brouiller avec son fils. Sur sa demande solennelle, Jacqueline accepte de différer son engagement, se retire finalement du monde et des divertissements, réprimant ainsi tout désir poétique, alors que Blaise, lui, fréquente le beau monde, s’offrant une vie d’élégance, animée de discussions mondaines. Il devient l’ami intime du Duc de Roannez qui lui aménage un appartement dans son hôtel particulier, affirmant ne pouvoir se passer de sa présence, partageant de fait un œdipe négatif passif.

La nuit mystique


La vie de Pascal bascule une nouvelle fois à la mort de son père, le 24 septembre 1651. Espérant se rapprocher de la compagnie de sa sœur pendant encore quelques années, il doit très vite déchanter car celle-ci, enfin libérée de l’amour hyper possessif paternel, s’enfuit en pleine nuit, trois mois après le décès et devient Sœur Euphémie, laissant un frère rempli de tristesse, d’amertume mais contenant une haine sournoise. Il vient de perdre ainsi, en peu de temps, les deux êtres les plus importants à ses yeux. Ce qui lui permet cependant de libérer toute une libido jusque-là fixée à son père et à sa sœur et de se désinhiber. Blaise projette, telles des explosions, ses pulsions libidinales agressives sur l’extérieur, connaissant l’émergence de multiples désirs, l’ensemble se traduisant par une hyper-activité au sein de la société parisienne. Encadré du Chevalier de Méré, désigné pour parfaire son éducation mondaine, de vingt ans son aîné et symbolisant le “ père ”, Blaise s’intéresse à la psychologie, à l’être humain, au sens de la vie, au bon goût, aux bonnes manières. Il s’adonne à l’écriture stylisée, voyage beaucoup, s’appliquant même aux jeux de hasards ! Pourtant, il ne s’autorise jamais à aimer physiquement, que ce soit une femme ou un homme. Il souffre inconsciemment d’une ambivalence hétérosexualité/homosexualité. Blaise projette ses pulsions agressives sur tous ceux qui peuvent le frustrer ou résister à ses exigences. Pour exemple, lorsque sa sœur lui demande sa part d’héritage afin de l’offrir en dot à son Ordre, il entre dans une colère terrible et refuse de lui verser son bien. Il change seulement d’idée lorsque sa sœur lui annonce son admission avec ou sans argent. Puis il y a l’accident au pont de Neuilly où il reste suspendu avec son attelage de chevaux au-dessus du vide. De la peur, il déploie une phobie, croyant voir sans cesse une ouverture béante sur son côté gauche, disposant toujours de chaises, de peur de tomber ! Lui qui a prouvé l’existence du vide voit s’accroître de façon démesurée une certaine angoisse de castration. Pris de terreur, il décide de se consacrer entièrement à Dieu, espérant gagner ainsi le salut de son âme. Attendant un signe, il connaît, le 23 novembre 1654, une nuit mystique. Il se sent éclairé par une douce lumière et reçoit un long message qui symbolise à ses yeux le pardon accordé à ses errements passés. Il écrit un mémorial sur une feuille qu’il coud à l’intérieur de la doublure de son habit. Opération renouvelée à chaque acquisition de vêtement. Ce mémorial institue par son titre – feu – et sa conclusion – … renonciation sociale et douce… –, un renoncement à une éventuelle sexualité, scellant à jamais son angoisse de castration du fait de cet évitement. Cet événement intervient alors qu’il doit faire un choix bien précis : soit se marier et fonder une famille, possibilité envisagée quelque temps auparavant, soit assumer et vivre son homosexualité jusque-là refoulée. Il prend une troisième décision : sous les cris de douleur du Duc de Roannez, il se retire à l’Abbaye de Port Royal, foyer du jansénisme, afin d’y mener une retraite spirituelle. Il y invente une nouvelle méthode, permettant un meilleur apprentissage de la lecture pour les jeunes enfants venant y faire leur scolarité.

Les “ Provinciales ”


Alors que le Pape Innocent X condamne les cinq propositions de Jansénius, Arnauld, membre éminent de la doctrine, veut les défendre et se voit menacé de désaveu. Il demande alors à Pascal son soutien. C’est de cette manière que naissent “ Les lettres écrites à un provincial ”, dont dix-huit sont éditées en quinze mois. Elles attaquent ceux qui sont opposés au jansénisme, plus particulièrement la Sorbonne et les Jésuites. Blaise règle ainsi ses comptes d’adolescent. Ces lettres, entièrement rédigées en prose, alertes, directes et explosives, ridiculisent les Jésuites. Elles rebondissent sur certaines observations et argumentations au prix de quelques mensonges et arrangements, allant jusqu’à feindre et ironiser sur les faiblesses de ses adversaires. Pascal y livre son génie, ainsi que son sadisme. Il paraphe ses écrits d’un nom d’emprunt : Montalte. C’est le premier d’une longue série. Il bannit ainsi le “ Nom du Père ”. Cependant, comme tout maniaco-dépressif, un certain rapport à la loi reste établi. Il stoppe alors net ses publications. En effet, certaines personnes, ayant pris peur et ombrage des railleries proférées, le désavouent, percevant dans ses lettres un manque de respect et d’amour chrétien. L’année suivante, les “ Lettres à un provincial ”, toujours éditées clandestinement, sont condamnées à être brûlées en place publique, ce qui affecte profondément leur auteur. Blaise se sent encore une fois rejeté. Pourtant, les “ Provinciales ” ont un succès énorme, sont citées comme l’événement littéraire du siècle et diffusées sur l’ensemble de l’Europe. Pascal connaît la Bible sur le bout des doigts. Il a épousé une doctrine des plus austères et désire s’adresser aux âmes les plus récalcitrantes, athées, susceptibles de pouvoir recevoir la grâce de Dieu. Il s’adonne complètement à ce projet pendant plusieurs années. Mais il rencontre des problèmes de mémoire, est contraint de noter ses idées sur de grandes feuilles, griffonnées dans tous les sens, qu’il découpe ensuite afin d’essayer de les classer. Son projet est stoppé, sa santé défaille. Repris par des maux violents, en premier lieu de dents, il cherche une solution au problème de la “ roulette ”. Avant de publier, il met au défi l’ensemble des scientifiques de l’égaler sous trois mois. Il gagne son pari, s’enivre de ferveur, alimente ainsi des relations dominant-dominé, réveille son gigantesque appétit de pouvoir et sa haine de l’autre. Il en oublie humilité et bonté humaine. Par la suite, Blaise Pascal invente les premiers omnibus parisiens, disant rêver les ouvrir aux riches comme aux pauvres. Le projet voit le jour quelques mois avant sa mort mais reste réservé et utilisé par l’élite.

“ Que Dieu ne m’abandonne jamais ! ”


Pascal ne peut plus fournir aucun travail. Chaque tentative de réflexion intellectuelle prolongée réveille ses douleurs. Une phase mélancolique le submerge. Il se déteste. Mais l’année 1660 assiste à la reprise des persécutions contre les Jansénistes, avec des sommations encore plus intransigeantes que par le passé. Blaise fait face farouchement. Il faut dire que cette énergie d’opposition suit le décès de Jacqueline… Pascal, petit à petit, abandonné de tous, s’enfonce dans un processus de psychose maniaco-dépressive. Il supprime confort, commodités, refuse le plaisir des sens et la moindre démonstration affective. Il oblige ses proches à adopter une chasteté sans réserve, leur interdisant même de parler de beauté physique. Il assure que le mariage est la plus périlleuse et la plus basse des conditions du christianisme. Il se met à distribuer son argent aux pauvres de façon pathologique, donnant plus que ce qu’il possède, s’endette auprès des banques. Il aide ainsi hôpitaux et institutions humanitaires, désirant être reconnu comme le plus méritant des serviteurs de Dieu. Il reste néanmoins dominateur et coléreux, ne parle plus de lui. Il met ainsi en place un véritable déni du moi, ce qui le conduit doucement vers un désêtre total. Il s’inflige de rudes mortifications corporelles, porte une ceinture en fer autour de la taille composée de clous recourbés, se donne de grands coups de coude pour mieux se nécroser. Pascal développe un masochisme consécutif à son impossibilité de pouvoir sublimer ses pulsions agressives, comme par le passé, par un travail intellectuel, source de plaisir. On peut émettre l’hypothèse que cet état masochiste s’apparente, au niveau fantasmatique, à la position féminine qu’il avait adoptée pour se soumettre au père… L’été 1662, ses symptômes redoublent. Blaise se retire chez Gilberte, laissant sa maison à une famille démunie dont l’enfant est touché par la petite vérole. Pascal souffre de convulsions mal soignées par des médecins qui, à l’époque, ne peuvent que recommander purgations et saignées ! Se sentant proche de sa fin, il rédige son testament, offrant ce qui lui reste aux pauvres et à ses fidèles serviteurs. Il dit regretter de n’avoir jamais rien fait pour les miséreux et veut être conduit aux “ Incurables ” en vue de mourir parmi les plus pauvres. Sa sœur, prétextant un état physique d’une bien trop grande faiblesse, s’y refuse. Des douleurs cérébrales affreuses le reprennent. Le 18 août, en pleine nuit, Blaise Pascal retrouve ses esprits, demande l’extrême onction et prononce sa dernière phrase : Que Dieu ne m’abandonne jamais... Il tombe sur sa couche, repris de convulsions très violentes, et s’éteint le 19 août 1662, à une heure du matin, âgé de 39 ans, persuadé que seule la partie haineuse de sa personne allait succomber, vivant ainsi un ultime délire. Il est inhumé deux jours plus tard en l’église Saint-Étienne-du-Mont.

Une porte ouverte au genre humain


Quelques années plus tard, la sœur de Blaise Pascal et un groupe d’intimes font paraître “ l’apologie de la religion chrétienne ” qu’ils intitulèrent “ Les pensées de Blaise Pascal ”. Il s’agit d’une œuvre originale, restée inachevée, telle une porte ouverte au genre humain en recherche éperdue de sens existentiels. Blaise Pascal, être hypersensible, perturbé notamment par une identification à la mère perdue, ne pouvait se libérer de cet état que temporairement, connaissant des phases maniaques qui lui faisaient multiplier ses activités sociales. Il s’est mis au service de l’humanité avec ses recherches et ses écrits, souhaitant ainsi agir sur la passivité humaine, afin de suggérer de véritables interrogations…

 

Alain Laudet

 

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