Charles Darwin,
un humaniste accompli

un humaniste accompli
©iStock  


Le terme « évolution » se rattache symboliquement à une théorie qui a littéralement révolutionné la façon de penser du monde occidental. Cette théorie est le fruit d’un travailleur acharné autant que d’un humaniste accompli. Face à la fixité d’une conception du monde basée sur une lecture « littérale » de la Bible, Charles Darwin ouvre en effet des perspectives qui libèrent de la notion de but pour se diriger vers la question du sens. Il objective ainsi que la Science est loin d’avoir levé le voile sur les mystères de la vie et qu’elle restera au service de l’Homme tant qu’il continuera à interroger et à s’interroger…

L’observation méthodique de la nature a permis à Charles Darwin de semer le doute sur la certitude de l’époque quant aux origines du monde. Les théologiens de sa génération fixent en effet celle-ci en l’an 4004 avant J-C. Avec Darwin, la notion de temps elle-même évolue. L’humanité ne jaillit plus à partir d’une création ex nihilo mais résulte d’une lente évolution. Retour sur l’existence d’un chercheur qui a ouvert la voie non seulement à la biologie moderne mais aussi à une autre façon de penser.

L’appel de la nature


C’est dans une famille anglaise aisée, à Scherensburry précisément, que Charles Darwin voit le jour en 1809. Est-ce par fidélité filiale au grand-père paternel en la personne d’Erasme Darwin (1731-1802), célèbre naturaliste, que le petit Charles, fils du médecin Robert Darwin, préfère – tout jeune déjà – collectionner les minéraux et les coquillages plutôt que les bonnes notes scolaires ? Ou son attrait quasi obsessionnel pour les vestiges de la nature est-il dû au fait qu’ayant perdu sa mère à l’âge de 8 ans, le pré-adolescent éprouve une difficulté à faire le deuil de sa génitrice ? Quoi qu’il en soit, Charles continue à chasser les oiseaux et à collectionner des coléoptères lors de ses études de médecine à l’Université d’Edimbourg qu’il quitte en 1827 pour suivre un enseignement de théologie à Cambridge pour lequel il ne se sent d’ailleurs pas non plus une grande attirance. Heureusement pour lui, son chemin croise celui de John Steven Henslow. Henslow est le premier professeur dont la discipline inspire Darwin : il s’agit de la botanique. Selon Daniel Boorstin, auteur de l’ouvrage « Les grands découvreurs », aux Éditions Robert Laffont, la grande œuvre de Henslow fut de transformer le jeune Darwin d’étudiant en théologie indolent en naturaliste passionné… Cet enseignant organise en effet des sorties pour observer les plantes dans leur milieu naturel, ce qui enchante son jeune élève. Charles admire littéralement cet homme qui semble lire dans ses désirs les plus cachés.

L’appel du large


Charles a 22 ans lorsqu’en 1831, le Beagle est en partance pour cinq années autour du monde dans le but de cartographier les côtes de l’Amérique du Sud. L’Amirauté demande alors à Henslow de lui recommander un naturaliste pour participer à cette expédition. Le nom de Darwin vient tout naturellement à l’esprit du botaniste. Darwin père, d’abord farouchement opposé à ce périple, donne malgré tout son accord devant l’insistance du professeur. Le fait que le capitaine du Beagle, Robert Filzroy, ait aussi pour objectif d’évangéliser les populations indigènes lors de son voyage n’est pas sans peser sur la décision de Robert Darwin qui n’abandonne pas l’idée de voir son fils devenir pasteur…

Tout est mouvement


Dans ses bagages, Charles Darwin emmène non seulement la Bible mais aussi des traités de géologie et notamment les « Principes de la géologie » d’un certain Charles Lyell qui postule déjà que milieu et espèces sont en perpétuel mouvement, anticipant en quelque sorte les découvertes de Darwin. Ces idées vont à l’encontre de la conception fixiste et catastrophiste de l’époque qui veut que le monde ait été créé en l’état et que seules les catastrophes décidées par le Créateur peuvent apporter un changement à la surface de la Terre. L’arche de Noé qui recueille un couple de chaque animal lors du déluge n’est en effet pas pris au niveau symbolique mais au sens littéral !

Les pinsons de Darwin


Pendant 5 années, Charles Darwin collectionne une infinité de spécimens et de fossiles qu’il classe méticuleusement et qu’il fait envoyer en Angleterre au fur et à mesure pour une étude ultérieure. Il étudie aussi la formation des atolls et pressent qu’ils sont dus à une explosion volcanique remontant certainement à plus de 6000 ans, contrairement à la pensée ambiante. La notion de temps géologique fait son apparition, dépassant toutefois largement les croyances. Mais c’est aux îles Galapagos qu’il fait une découverte qui étaye l’élaboration de sa pensée en ce qui concerne sa théorie future. En 1835, il remarque qu’une même espèce de pinsons retrouvée sur plusieurs îles présente des différences notables. Effectivement, suivant le lieu, le bec est adapté à plusieurs sortes de nourriture. L’année suivante, Darwin rentre en Angleterre.

La reconnaissance


Lorsqu’il foule le sol du territoire britannique, Darwin est déjà une célébrité scientifique. Son ancien professeur Henslow s’était chargé de communiquer la collection de fossiles qu’il recevait régulièrement aux plus éminents naturalistes, ainsi que ses travaux sur la généalogie. Son père, rassuré par cette reconnaissance, finance les recherches de Charles. En 1837, Darwin écrit un « Carnet sur la transmutation des espèces », reprenant ses observations et des réflexions qui semblent confirmer les idées de Thomas Malthus. Cet économiste avait avancé que, compte tenu d’une population humaine croissante, seuls les individus capables d’adaptation pourraient survivre. Darwin est aussi influencé par la pensée de Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamark, qui postule l’évolution des espèces en prenant l’exemple de la girafe qui allonge son cou pour atteindre les feuilles et transmet cet allongement intentionnel à sa descendance. C’est d’ailleurs de lui que nous vient la célèbre formule : La fonction crée l’organe.

Une lente et laborieuse élaboration


Darwin a conscience que ses idées vont rencontrer une grande hostilité. Aussi n’est-il pas pressé de les publier ! D’autant que ses compétences lui valent un poste important à la Société de géographie de Londres. C’est à cette époque qu’il se marie avec sa cousine Emma Wedgwood, le 29 janvier 1839, non sans la prévenir que ses recherches passeront toujours avant la vie de famille. Ce qui n’empêche pas le couple de donner naissance à 10 enfants ! Emma se révèle une épouse dévouée d’autant que la santé de son mari, depuis son retour, lui pose quelques soucis. Il est souvent contraint de s’aliter, aucun médecin ne sachant vraiment diagnostiquer ses maux d’estomac. En 1842, Darwin publie une compilation de ses observations sur les récifs coraliens. Deux ans plus tard, il rédige – sans le publier – 240 pages consacrées à la sélection naturelle. Tout en continuant ses travaux en solitaire, il publie des ouvrages sur la géologie en 1851. Cette année-là, sa foi au Dieu de sa tradition vacille lorsque sa fille chérie, Annie, meurt à l’âge de 10 ans. Comment un Dieu de bonté, confie-t-il à un proche, peut-il créer une aussi belle petite fille pour la faire autant souffrir ? Pourtant, malgré son chagrin, Charles Darwin n’a pas l’âme d’un rebelle. Il ne veut en aucun cas troubler l’ordre public. C’est un homme passionné, doué d’une capacité de travail hors du commun mais qui a toujours agi avec l’autorisation de son père et les encouragements de son professeur. Sans doute son esprit est-il partagé entre sa volonté de ne pas transgresser l’ordre établi et celui de satisfaire sa passion scientifique. Les somatisations inexpliquées du savant ne sont certainement pas étrangères à un tel conflit inconscient…

L’origine des espèces par la sélection naturelle


Il faudra attendre le 24 octobre 1859, soit 23 ans après son retour de voyage, pour que Charles Darwin se décide enfin à publier son ouvrage phare : « L’origine des espèces par la sélection naturelle ». Le livre est un succès : Seize mille exemplaires ont été vendus à ce jour (1876) en Angleterre, écrit Darwin dans son autobiographie. Compte tenu de l’aridité du livre, c’est énorme. Il a été traduit dans presque toutes les langues européennes, y compris l’espagnol, le bohémien, le polonais et le russe. Selon Mlle Bird, il existe également une traduction au Japon où l’ouvrage est très étudié. Il est même paru sur mon livre une étude en hébreu prouvant que la théorie en est déjà contenue dans l’Ancien Testament… Ultime authentification de son labeur, même s’il suscite l’hostilité de l’évêque Wilberforce. La théorie de l’évolution, inhérente aux travaux de Darwin, si elle ne résout pas l’énigme de la vie, signe le départ d’un formidable développement des recherches sur l’histoire et le fonctionnement du vivant. Le père de la psychanalyse, Sigmund Freud, pense que les travaux de Darwin ont radicalement renouvelé le paradigme de notre représentation du monde. L’Homme n’est plus le centre de l’Univers mais s’inscrit dans une longue chaîne biologique ininterrompue. Pourtant, contrairement à ce que véhicule une conception fondamentaliste de la foi, il serait erroné de conclure que la théorie de l’évolution soit une démonstration de l’inexistence de Dieu. Elle est plutôt à considérer en tant que remise en question scientifique des dogmes religieux. Cependant, Darwin prévient aussi des risques d’une certaine dérive scientiste en affirmant que l’énigme métaphysique se situe hors du domaine de l’intelligence empirique ! Il est d’ailleurs intéressant de noter que celui qui fut accusé d’hérétique sera inhumé, à sa mort survenue en 1882, et contre sa volonté, à l’abbaye de Westminster !

 

Gilbert Roux

 

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