Jeanne-Antoinette Poisson,
une hystérique nommée
Marquise de Pompadour

Jeanne-Antoinette Poisson, une hystérique nommée Marquise de Pompadour
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Le 29 décembre 1721 naît, rue de Cléry à Paris, celle qui va devenir la favorite du Roi Louis XV et la protectrice des Arts au sein du royaume de France au dix-huitième siècle : Jeanne-Antoinette Poisson, future Marquise de Pompadour...

Sa mère, Louise-Madeleine de la Motte, est issue d'une lignée appartenant à la bourgeoisie moyenne. On la dit frivole et nombre d'amants lui sont attribués, tel Monsieur Pâris de Montmartel soupçonné un temps d'être le géniteur de Jeanne-Antoinette et parrain de celle-ci. Son père, François Poisson, originaire de Provenchères, fils d'un tisserand et riche propriétaire terrien, est le dernier-né d'une famille de neuf enfants ; il doit partir très tôt vers la capitale, la fortune parentale revenant de droit à l'aîné. Laquais puis conducteur d'attelage, chargé d'approvisionner l'armée du Duc de Villars, il est élevé à la charge de commis aux vivres s'étant rendu indispensable aux frères Pâris, ses chefs. Ainsi François Poisson peut-il s'enrichir rapidement. Toutefois très instable et adorant voyager, il mène une vie de Don Juan. Pourtant, en 1718, veuf d'un premier mariage avec Anne-Geneviève-Gabrielle de Carlier de Roquaincourt, fille d'un conseiller du Roi, Monsieur Poisson choisit de se remarier avec Louise-Madeleine, pour sa beauté et sa jeunesse, mais égal à lui-même, il ne devient en aucun cas un modèle de fidélité !

Un père adoré en exil…
De ce couple de compromission naît Jeanne-Antoinette, suivie d'une sœur décédée en bas-âge, puis d'un frère, Abel-François né en 1727. Cette naissance ponctue un premier bouleversement dans la vie de cette enfant. Est-ce l'arrivée du rival qui occasionne une blessure narcissique telle qu'elle déclenche une aversion pour la condition féminine ? Toujours est-il qu'elle développe un Œdipe positif démesuré envers son père et accorde dès lors à cet homme dit merveilleux une toute-puissance qui pourrait répondre à tous ses désirs, dont celui de posséder un phallus et ainsi de redevenir l'être aimable qu'elle supposait ne plus être depuis la prise de conscience de cette perte. Survient alors un événement capital qui détermine la suite de son existence : son père, accusé de malversations et de s'être enrichi aux dépens des armées qu'il ravitaille, s'exile en Allemagne afin d'éviter l'emprisonnement et ce, durant huit longues années. Louise-Madeleine, restée seule sans ressources financières et refusant de vivre chichement, s'empresse d'élire un protecteur, ami de Pâris, Monsieur Le Normand de Tournehem qui adore les deux enfants et la comble d'attentions. Monsieur Poisson est informé, s'incline et prend son mal en patience. Dès lors, cette mère, reprenant sa vie de femme superficielle au sein d'un milieu empreint de séduction et de courtoisie, donne à sa fille l'impression d'être abandonnée...

Surnommée Reinette


À la demande de son père qui se disait inquiet de l'indifférence maternelle, Jeanne-Antoinette, quand elle a neuf ans, entre dans une maison d'éducation : le couvent des Ursulines. C'est à cette époque que Jeanne-Antoinette rencontre une voyante qui lui annonce : Vous serez un jour la favorite du Roi. Dès lors, sa famille la surnomma “ Reinette ” et sa mère lui rappelle bien souvent qu'elle est un morceau de Roi ! Elle prend cette prédiction pour vérité établie, conditionnée aussi par sa génitrice qui rêve de voir sa fille réaliser ce qu'elle ne s'est pas autorisée.

Une sexualité décevante


Rentré d'exil sur l'intervention de l'amant de sa femme, Jeanne-Antoinette retrouve son père. Reinette, bien que laissant apparaître les premiers signes d'une indubitable mélancolie, est devenue une jeune fille superbe. Sa mère et Monsieur de Tournehem décident à cette époque-là de faire son éducation mondaine : leçons de clavecin, chant, déclamation, équitation et dessin font partie de son quotidien. Néanmoins, Monsieur Poisson, père abandonnique, continuellement en proie à l'angoisse d'être délaissé, s'interroge sur le bien-fondé de ces enseignements. Mais les deux amants, non sans arrière-pensée, n'en n'ont cure ! Puis Jeanne- Antoinette fréquente le salon de Madame de Tencin, y côtoie de prestigieux personnages tels Messieurs de Montesquieu et Marivaux, se faisant apprécier certes, mais avant toute chose, pour son extrême beauté ! Elle affermit dès lors un narcissisme déjà bien développé qui fait cependant écran à son complexe d'infériorité, issu de son héritage transgénérationnel que l'on retrouve en premier lieu dans son patronyme “ Poisson ” ; au dix-huitième siècle, les poissonniers étaient assimilés aux détrousseurs de gens honnêtes. Également inscrite dans une problématique hystérique, elle refuse finalement de se faire accepter d'un milieu qu'elle pense merveilleux, fuyant son rêve, croyant devoir s'en protéger, l'état de satisfaction la renvoyant à la mort. Obstiné, Monsieur de Tournehem pense trouver la solution à ses problèmes en proposant une alliance familiale et désigne son neveu, Charles le Normand d'Étioles,  comme futur époux de sa protégée. Bien que rétif au préalable, une dot colossale, la promesse d'une prise en charge de toutes ses dépenses à venir et la garantie de devenir l'unique héritier d'une grande fortune, mettent fin à ses primes résistances. Le mariage fut célébré dans l'intimité le 9 mars 1741 et Charles tombe sous le charme de cette épouse qui vient de lui offrir sa virginité. Jeanne répète l'histoire maternelle en convolant au même âge, avec un homme qu'elle n'aime pas véritablement. Elle s'éprend du Château  d'Étioles, devenu sa demeure principale, dont elle ouvre les portes aux nombreux philosophes et écrivains du moment comme Monsieur de Fontenelle, l'abbé de Bernis, Montesquieu et Voltaire, qui devient son ami intime... Reconnue de ses nouveaux amis, plusieurs salons réputés lui accordent leur entrée. En 1742, elle accouche d'un petit garçon qui meurt en bas-âge. Charles Le Normand d'Étioles, en pleine hystérie de séduction, ayant peur de se voir abandonné par celle qu'il croit forte, la couvre de cadeaux somptueux, dont un théâtre au château et la laisse organiser de somptueuses fêtes et réceptions durant ses absences prolongées ; devenu sous-fermier général, aux ordres de son oncle, il parcourt la France. Il imagine partager un véritable amour, oubliant que son couple s'est forgé sur une union de convenance et refuse de voir l'évidente réalité : Jeanne-Antoinette, magnifique jeune femme, n'en est pas moins frigide. Et c’est par le biais de ses symptômes somatiques qui convertissent l'intolérable jouissance en souffrance corporelle, et de ses crises d'hystérie où son corps traduit ses désirs insupportables, refoulés, que Jeanne-Antoinette vit une sexualité décevante.

“ Je ne te trahirai jamais, sauf avec le Roi ”…
Le 10 août 1744, naît Alexandrine Le Normand d'Etioles, au grand ravissement de son père persuadé que cette enfant sauverait son couple. Il fait dès lors fi des menaces proférées par sa femme en tête-à-tête : Je ne te trahirai jamais, sauf avec le Roi. Ces avertissements déclenchent malgré tout, pernicieusement, de fortes angoisses qu'il masque par son mécanisme de défense préféré, le rire. Jeanne-Antoinette plus déterminée que jamais, désirant rencontrer Louis XV, se voit proposer l'aide de son cousin, valet de chambre au service du Roi, qui l'informe des journées de chasse programmées en forêt de Sénart. Ainsi donc croise-t-elle de plus en plus souvent le carrosse royal, se fait signaler à sa Majesté qui est subjuguée par la vision de la belle jeune femme ; le Roi est, quant à lui, un homme séduisant, de stature imposante, de onze ans l'aîné de Reinette.

Favorite du Roi


Le 24 février 1745, au bal masqué donné en l'honneur des noces du Dauphin, Madame Le Normand d'Étioles, invitée, paraît en Diane chasseresse, une poitrine sublime à moitié dénudée, séductrice en diable. Le Roi l'entraîne dans ses appartements et l'honore. Éperdue de joie, Jeanne-Antoinette vient d'obtenir ce qu'elle brigue le plus au monde : le pouvoir. En septembre de la même année, le Roi la présente officiellement à la Cour où elle reçoit un accueil mesuré mais elle peut assurer Marie Leszczynska, mère transférentielle, de son total dévouement. Monsieur de Tournehem annonce les faits à son neveu Charles qui s'évanouit. Fou de douleur et de chagrin, ne pouvant se faire une raison et insistant, Monsieur Le Normand d'Etioles a par la suite des menaces d'emprisonnement ; contraint et forcé, il demande la séparation et reçoit en échange la charge de Fermier Général de Premier Maître d'Hôtel, retire définitivement la parole à son épouse et quitte les lieux. Les mois qui suivent, Louis XV reconnaît publiquement Jeanne-Antoinette comme favorite et la nomme Marquise de Pompadour, ce patronyme évoquant instinctivement celui de Madame de Ventadour, qui l'a élevé et qu'il continue à chérir. Un appartement l'accueille au Château de Versailles. Alexandrine, enfant de deux ans, est placée en nourrice et celle qui porte le surnom de Fanfan, petite fille belle, gracieuse, gaie et dotée d'un regard extrêmement vif, commence à répéter l'histoire transgénérationnelle familiale.

Un Roi “ volage ” … 


Le 25 décembre 1745, Madame Poisson, âgée de quarante ans, livre ses derniers conseils et s'éteint. Un cancer, la rongeant depuis plusieurs années, vient d'avoir raison d'elle. Louis XV, espérant réconforter son amante, lui offre sa première résidence personnelle. Dès son installation à la Cour, elle devient mécène des artistes, disposant à volonté de crédits illimités octroyés par sa Majesté, engloutissant des montants astronomiques et sa fortune personnelle dans l'achat d'œuvres d'art, de pièces uniques, réalisées sur commande par des Maîtres – Pigalle, Adam, Van Loo, Boucher, Verberckt... –, ces joyaux étant répartis dans des demeures acquises, transformées et revendues aussitôt ! Ainsi Madame de Pompadour et Louis XV partagent-ils leurs plus belles années, leur passion pour l'art et les conversations mondaines mais joyeuses, le Roi étant friand de plaisanteries à la mesure d'un sadisme oral débordant ! Cependant, après ces quelques merveilleuses années, apparaît la pierre d'achoppement de leur relation affective : Jeanne- Antoinette, qui a connu une trêve provenant de son état amoureux, voit réapparaître sa frigidité. Cette résurgence névrotique la plonge dans une réelle inquiétude : Je suis troublée de la crainte de perdre le cœur du Roi en cessant de lui être agréable. Les hommes mettent, comme vous le pouvez savoir, beaucoup de prix à certaines choses et j'ai le malheur d'être de tempérament très froid… Cette reviviscence est provoquée, en fait, par l'instabilité amoureuse de Louis XV. Il apparaît au grand jour qu'il commence à se lasser de la favorite, attiré par de toutes jeunes demoiselles à qui il ne révèle que rarement sa véritable identité.

À Versailles jusqu’au bout !
Si Jeanne-Antoinette donne l'impression de ne pas souffrir de ces trahisons, il n'empêche qu'elle se ronge intérieurement, malade de jalousie, désirant être et rester la seule et unique détentrice d’un certain pouvoir de séduction. La disparition de sa fille Alexandrine, à l'âge de dix ans, finit d'anéantir la Marquise. Ses somatisations s'accentuent : pertes de mémoire, maux de tête, sensations d'étouffement, palpitations, crises d'asthme, difficulté à se mouvoir, maux de gorge doublés de grandes fièvres et insomnies constituent désormais son quotidien. Absolument désespérée, elle prétend attendre la vieillesse et la mort entourée d'animaux de compagnie, qui doivent l'aider à surmonter son manque affectif et l'accompagner jusqu'au bout de sa phase mélancolique. Pourtant, en aucun cas, Madame de Pompadour ne perd de sa superbe, intervenant comme auparavant dans les affaires ministérielles, allouant privilèges et avancements selon son bon gré et continuant à conseiller sa Majesté sur l'oreiller de sa couche, tout en s'en défendant âprement, persuadant son amant que lui seul est maître à bord. Hors de sa présence, elle développe une attitude de plus en plus mégalomaniaque, discourant du Roi et de sa personne, formulant des non castrateurs et complotant contre ses opposants qu'elle s'arrange pour faire ensuite renvoyer de la Cour et exiler. Les rendez-vous ministériels se déroulent dès lors dans la chambre de la Marquise, pièce qu'elle ne quitte pratiquement plus, rejetant la moindre nourriture. Connaissant encore de grandes contrariétés causées, entre autres, par les revers et les défaites de l'armée, qui finit par perdre la “ Guerre des Sept Ans ”, elle reçoit cette capitulation comme un échec personnel. Puis, faisant suite aux problèmes financiers de l'État, la Pompadour doit vendre presque l'ensemble de ses propriétés et bijoux afin de mener à terme son projet d'école militaire. Enfin, le Roi la bouleverse complètement en entamant une idylle, pourtant stoppée rapidement, avec une jeune et belle femme appartenant à la haute noblesse française, qui lui donne un fils, seul enfant n'étant pas né du lit royal et qui se voit reconnaître publiquement. Cela en est trop pour Jeanne-Antoinette qui, craignant de perdre sa place, décide dans un ultime délire de se réfugier du côté d'une intemporalité pathologique jusqu'à être prise d'un profond malaise qui la laisse inanimée. Inquiet, Louis XV, malgré l'interdiction faite à toute personne étrangère à la famille royale de mourir à Versailles, permet qu'elle demeure à la Cour. Sa respiration lui interdisant la position couchée, Jeanne-Antoinette s'installe dans un ravissant fauteuil rappelant un trône, fait entériner son testament, présente ses adieux au Roi et meurt en compagnie du prêtre qui l'a confessée. Nous sommes le 15 avril 1764 : son corps quitte Versailles incognito, est déposé dans une chapelle ardente du voisinage, pour être deux jours plus tard enterré dans une petite église de la place Vendôme, aujourd'hui disparue, aux côtés d'Alexandrine. Le Roi Louis XV, se réfugiant derrière les convenances, se refuse à y assister. Ainsi disparaît Jeanne-Antoinette, Marquise de Pompadour, aux multiples symptômes hystériques, mais qui, toutefois, eut le mérite d'être une femme active, engagée dans la vie mondaine du XVIIIe siècle. Elle sut pareillement se dévouer pour les causes qui lui semblaient justes et défendre ses idéaux. Il est certain que Madame de Pompadour a transmis à l'humanité l'exemple d'un nouveau style de femmes, appartenant de facto à la lignée des grandes féministes...

 

Alain Laudet

 

 

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