Vincent Van Gogh,
l’enfant de remplacement

Vincent Van Gogh - "Champs de blé aux corbeaux" - huile sur toile - Auvers sur Oise - 1890 © thinkstock Depuis plusieurs decennies, les prix des oeuvres de Vincent Van Gogh atteignent des sommets dans les grandes salles de vente internationales
Vincent Van Gogh - "Champs de blé aux corbeaux"
Huile sur toile - Auvers sur Oise - 1890 ©iStock
Depuis plusieurs decennies, les prix des oeuvres de Vincent Van Gogh
atteignent des sommets dans les grandes salles de vente internationales



Le peintre expressionniste Vincent Van Gogh naît le 30 mars 1853 en Hollande, au sein d’une famille installée dans la continuité d’un héritage transgénérationnel où devait régner un ordre établi. À sa naissance, ses parents, encore tout à leur chagrin du décès du fils aîné, projette de le voir symboliser “ l’honneur familial ”.

Cet enfant, qui met très vite en place un moi sacrificiel, s’appelle, tout comme un de ses oncles et son grand-père paternel, Vincent. En nommant ce nouvel héritier Vincent-Willem, l’autorité parentale en fait un enfant de remplacement. Le petit Vincent le comprend rapidement et se replie très tôt sur lui-même en se coupant en grande partie des autres. Il est de ces petits garçons que l’on dit difficiles, obstinés, agressifs, violents, voire “ explosifs ”, pouvant redevenir très doux une fois la tempête intérieure passée mais n’exprimant aucune joie de vivre, aucune gaieté naturelle.

Théo
Vincent souffre de ne pouvoir exprimer ses désirs, fantasmant que son amour peut détruire. Il bénéficie cependant de la présence de son frère Théo, de quatre ans son cadet, le seul de ses cinq frères et sœurs avec lequel il peut partager ses passions. Si Vincent s’est identifié à sa mère Anna Cornélia, femme d’une santé robuste, pouvant être douce mais sans aucune patience, éprise de lectures, adorant écrire et dessiner, Théo, lui, présente une forte identification à son père Théodore dont il a hérité le prénom. Celui-ci est un homme calme, réfléchi, de santé précaire. Il fait preuve de soumission remplissant sa fonction de pasteur sans véritable passion.

Vendeur de tableaux
Alors que Vincent entre dans sa douzième année, son père le trouvant trop agressif envers les autres enfants de l’école communale, l’envoie en pension. Ce qui aggrave sa névrose d’abandon mais lui permet de se découvrir deux passions : l’une pour les livres, surtout de philosophie et de théologie, et l’autre pour le dessin. Mais Vincent ne porte aucun intérêt à ses études. Il n’a pas de désir particulier au sujet d’un futur métier, se pliant aux desiderata familiaux. Il devient vendeur de tableaux, tel son oncle Vincent dit l’oncle “ Cent ”. Ce travail lui donne la possibilité de s’intéresser à l’art. Il met à profit le moindre instant de loisir pour visiter les musées et s’imprégner des messages que chaque artiste exprime au travers de ses œuvres. À cette époque, Théo est lui aussi vendeur de tableaux et les deux frères entament une correspondance suivie jusqu’au décès de Vincent.

Au service des pauvres
À la suite d’une déception amoureuse, Vincent décide de devenir pasteur comme son père. Il désire partager sa foi et son existence avec les plus démunis. Cependant, il n’a pas la manière. Trop excessif, son don de soi est envahissant, étouffant. Il pousse l’exaltation jusqu’à marcher pieds nus, dormant sur une botte de paille au fond d’un cabanon. Incompris de ses ouailles qui le pensaient fou, sa hiérarchie le trouve trop près du peuple et finit par le renvoyer. Mais Vincent se cherche, s’interroge et garde même une certitude, écrivant : Depuis que je suis au monde, je me sens comme dans une prison. Tout le monde me prend pour un inutile et pourtant j’ai quelque chose à faire. Je sens que je suis né pour faire quelque chose que personne d’autre que moi ne pourrait faire. Mais quoi ? Mais quoi ? Je ne parviens pas à le savoir ”.

Le rêve de Théo
C’est Théo qui permet à Vincent de se révéler à lui-même. Il le pousse à devenir artiste peintre alors qu’il s’agit de son propre rêve. Théo, en effet, ne se l’autorise pas lui-même en raison d’une identification bien trop ancrée à ses parents surmoïco-castrateurs. La peinture et le dessin donnent à Vincent les moyens de communiquer, d’exprimer ses sentiments refoulés. Cet être excessif, enflammé, ce passionné, fusionne avec son art. Il tente d’y restituer son âme, témoignant de l’amour et du conflit psychique qui l’habitent, en les projetant sur chacune de ses œuvres. En finançant l’art de son frère, Théo fantasme se réaliser. Relation œdipienne négative aidant, Vincent lui laisse croire que sa peinture est leur œuvre commune mais, malgré tout, il signe ses tableaux de son simple prénom. Il symbolise ainsi son refus d’y associer Théo tout autant que son déni du Nom du père. De plus, il refuse toute sa vie de vendre : Je préfèrerai, moi, ne jamais vendre si la chose pouvait se faire… et ce, dans le but de se rassurer sur l’amour que peut lui porter son cadet, en le faisant en quelque sorte payer…

Déplacement, investissement et sublimation
L’annonce du mariage de Théo active la névrose d’abandon de Vincent qui, touchant à son paroxysme, fait qu’il demande la présence d’un autre peintre à ses côtés, à Arles, où il est allé chercher le “ soleil du Japon ”, symbole du feu mais d’une sexualité bridée. Effectivement, Vincent n’a de rapports sexuels qu’avec les prostituées des bordels de la ville. Il en finit même par devenir impuissant, investissant sa libido tout entière dans ses tableaux. Ayant disposé sa maison, jaune, tel un nid d’amour, c’est Gauguin, connu quelque temps auparavant à Paris et compagnon de beuveries, qui y est accueilli en maître, voire en père. Ce père décédé quelques années plus tôt, confesseur des âmes, n’a jamais pu comprendre ou seulement entendre la douleur morale de son fils. Gauguin décide de repartir au bout de trois mois. Se sentant perdu, abandonné de tous, Vincent symbolise cette rupture en se tranchant une partie de l’oreille droite, signifiant phallique, marquant par son passage à l’acte un processus de forclusion. Par la suite, il peint un grand nombre d’autoportraits, afin de se rassurer là encore.

Unis pour l’éternité
Se rendant à Paris, alors que sa belle-sœur Jo vient de mettre au monde un garçon nommé Vincent Willem, par séduction envers le peintre, celui-ci ne peut supporter cette jeune relation triangulaire. N’ayant jamais pu lui-même fonder une famille, Vincent Van Gogh se sent trahi par cette famille. C’est à Auvers sur Oise, le 27 juillet 1890, qu’il se tire une balle en pleine poitrine. La mort ne survient pas tout de suite. Alors qu’il a vécu à la façon d’un volcan secoué par de multiples éruptions, Van Gogh termine sa vie dans une tranquillité proche du calme absolu. Il meurt en présence de Théo, sans aucune plainte, l’air serein, laissant à ce frère une dernière lettre inachevée qui s’arrête sur un Mais que veux-tu ? des plus culpabilisants, le 29 juillet 1890. Vincent mort, ayant emporté avec lui une partie de Théo, ce dernier ne trouve plus de raison de vivre. Malade depuis plusieurs années, il sombre, à la manière de Vincent, dans la psychose, veut attenter à la vie de sa femme et de son fils et décède en Hollande le 21 janvier 1891, soit moins de six mois après son aîné. Vingt-trois ans plus tard, Jo fait déposer les restes de Théo dans le petit cimetière d’Auvers sur Oise où désormais, l’un à côté de l’autre, les deux frères reposent en paix.

Une œuvre
Vincent pensait devoir faire ce que personne ne pourrait faire mieux que lui. Sa peinture est, outre un témoignage, un don à tous ceux qui ont souffert, puis qui, un jour, ont décidé de s’enfermer dans leur propre réalité psychique, fuyant une frustration bien trop forte pour eux. Ces êtres, que l’on dit psychotiques, ces hypersensibles trop fragiles, se coupent d’un principe de réalité difficile à supporter au nom d’une angoisse insurmontable. Et si de son vivant, une seule toile, “ La vigne rouge ”, se vendit, à aujourd’hui, ses tableaux atteignent des valeurs démesurées, excessives, irréelles... On aime ou on déteste les créations picturales de Vincent Van Gogh mais son œuvre ne laisse personne indifférent, preuve s’il en est que Vincent a su toucher la sensibilité logée en tout individu…

 

Alain Laudet

 

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