Pasteur, un phobique
au service de l’humanité

 
Pasteur, un phobique au service de l'humanité
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Plus de 2000 rues en France portent son nom. Élu le 4 avril 2005 par les téléspectateurs d’une grande chaîne de télévision deuxième Français de tous les temps, après Charles de Gaulle, Louis Pasteur est l’un des rares personnages dont le patronyme soit passé dans le langage courant avec l’emploi du verbe « pasteuriser ».

L’image pédagogique « Rossignol » véhiculée à des générations d’écoliers, de 1930 jusqu’à la fin des années 60, représente un homme rassurant, tel un saint laïc en blouse blanche entouré de ses collaborateurs, qui se prépare à inoculer à Joseph Meister, un enfant de 9 ans, le premier vaccin anti-rabique. Or, selon Philippe Bruniaux*, en octobre 1831, le jeune Louis Pasteur – âgé lui-même de 9 ans – est témoin d’une scène qui le marquera profondément malgré son jeune âge. Il est intrigué par la venue d’un groupe d’hommes dans la forge, voisine de la maison paternelle. Curieux, il s’approche en compagnie de quelques amis. Une louve enragée avait mordu plusieurs personnes, dont l’homme qu’on emmenait dans l’atelier afin de cautériser les blessures. Après avoir chauffé au rouge la tige de fer, le maréchal-ferrant l’appliqua sur l’avant-bras de la victime qui hurla de douleur… Le lien est troublant et avalise la notion d’un inconscient visionnaire…

Un maître avant l’heure


Louis Pasteur naît à Dole dans le Jura le 27 décembre 1822, vers deux heures du matin. Il est l’unique garçon d’une fratrie de quatre enfants. Jeanne Antoine, dite Virginie, est son aînée. Après lui naîtront Joséphine et Jeanne. Ses parents, Jeanne Étiennette Roqui et Jean-Joseph Pasteur sont catholiques et bonapartistes. La famille quitte Dole en 1927 pour s’installer définitivement à Arbois. Le nouveau domicile abritera la tannerie de son père. En 1831, Jean-Joseph Pasteur fait l’acquisition d’un bâtiment d’un étage et d’une cour avec sept fosses pour le traitement des cuirs. Louis Pasteur reviendra toujours aux odeurs de son enfance. Son père avait pour métier de rendre les peaux imputrescibles. On ne peut s’empêcher de penser à la contribution future de Pasteur quant à l’asepsie et l’hygiène. Son maître d’école, Monsieur Renaud, instaure dans sa classe un système de tutorat qui consiste à donner la responsabilité aux plus savants d’aider leurs camarades. Ainsi remarque t-il que son jeune élève aspire à accéder à la place de moniteur. On confie alors à Louis la tâche d’apprendre à lire à quelques élèves. Louis Pasteur adore aussi dessiner. Il y est d’autant plus encouragé que son professeur de dessin, Monsieur Pointurier, reconnaît en lui des dispositions artistiques étonnantes, liées à de grandes qualités d’observation. De 1836 à 1842, Pasteur dessine une trentaine de portraits, en utilisant presque toujours la technique du pastel. Sa mère fut son premier modèle. Selon René Bazin, Conservateur au Louvre, le jeune garçon, à l’âge de quatorze ans, avait compris et rendu, mieux qu’un dessinateur plus habile, le caractère de la physionomie maternelle. La bouche avait été étudiée comme par un maître. La lèvre supérieure est fine, longue, serrée ; l’inférieure est renflée en cerise et légèrement avançante en son milieu. C’est une bouche qui ne ressemble à aucune de celles qu’on fait copier aux élèves en classe de dessin. Elle dit la discrétion, le sérieux de la vie, la possibilité de sourire, la petite grogne facile quand les enfants ne vont pas droit… Ce n’est certainement pas par hasard que l’inconscient de Louis Pasteur choisit cette technique. En effet, seuls les maîtres pastellistes ont le privilège d’atteindre à la vérité et à l’illusion de la carnation. Selon les frères Goncourt, lorsqu’on contemple par exemple un Chardin ou un Quentin de la Tour, c’est de la chair qu’on a sous les yeux, de la chair vivante qui a ses plis, ses luisants, sa porosité, sa fleur d’épiderme… Louis Pasteur avait certainement idéalisé la pureté de la peau maternelle au point d’en devenir haptophobe : ne pas toucher pour ne pas abîmer.

La pasteurisation


Un matin d’octobre 1838, Pasteur, poussé par Monsieur Romanet, son professeur, quitte Arbois et le berceau familial pour préparer à Paris l’École Normale. Mais il a le mal du pays. Il confie à un ami : Si je respirais seulement l’odeur de la tannerie, je sens que je serais guéri. La séparation est trop difficile. Louis décide de continuer ses études à Besançon : il verra plus souvent son père, celui-ci venant régulièrement y vendre ses peaux. En 1843, Louis ayant gagné en maturité, il repart pour Paris et se voit admis à l’École Normale Supérieure. En décembre, son père lui écrit : Dis à Chapuis que j’ai mis une bouteille de 1834 achetée tout exprès pour boire à l’honneur de l’École Normale… Il y a de l’esprit au fond de ces cent litres plus que dans tous les livres de philosophie du monde. Décidément le lien père-fils a du mal à lâcher, d’autant que le vin renvoie aux travaux ultérieurs de Louis Pasteur. La vinification, longtemps empirique, est en effet – grâce à Pasteur – devenue plus scientifique : il découvre les mécanismes de la fermentation, met en évidence les micro-organismes à l’origine des maladies du vin et enfin, pour les détruire, invente la pasteurisation. La confusion, au niveau inconscient, entre le lait maternel et le vin montre que Louis Pasteur a tenté de sublimer (et a certainement réussi) une angoisse de contamination.

La génération spontanée ?


Le 29 mai 1849, Louis Pasteur épouse Marie Laurent, fille du Recteur de l’Université de Strasbourg. Cinq enfants naissent de cette union : Jeanne, Jean-Baptiste, Cécile, Marie-Louise, Camille. Administrateur de l’École Normale depuis 1857, Pasteur réunit sa famille pendant les vacances à Arbois. Dans la salle à manger commune se retrouvent deux générations : celle du père Jean-Joseph, du fils Louis et du gendre Gustave Vichot, époux de Virginie Pasteur. Selon un rite immuable, Pasteur prend place face à son épouse puis, avec sa serviette, nettoie son verre, son assiette et son couvert. Après avoir coupé le pain pour toute la famille, il réduit sa tranche en charpie afin d’y découvrir des fragment de bois ou des vers de farine… C’est comme si le quotidien familial n’échappait pas à la minutie teintée de phobie du travail scientifique. Peut-être son intuition avait-elle besoin de réunir deux générations pour préparer ses futures découvertes. En effet, le 7 avril 1864 Pasteur fait à la Sorbonne une communication selon laquelle il n’y a aucune circonstance connue permettant d’affirmer que des êtres microscopiques sont venus au monde sans parents semblables à eux. Il prouve ainsi en public que la génération spontanée n’existe pas. Cette théorie, très répandue jusque-là, prétendait que certains êtres organisés naissaient spontanément, par la seule force de la matière. En clair, Pasteur affirme et justifie que rien ne vient de rien et que la vie reste un mystère. Le savant révolutionne la pensée scientiste de l’époque, sans faire intervenir sa foi en un Créateur et gagne une popularité qui ne se démentira plus.

Travailleur infatigable


En 1865, Pasteur se trouve à Alès. Il étudie les maladies des vers à soie lorsqu’il est appelé d’urgence au chevet de celui qui a tant inspiré son oeuvre. Il pense à sa fille aînée Jeanne, décédée en 1859 d’une fièvre typhoïde. Mais il arrive juste à temps pour assister aux obsèques de son père au cimetière d’Arbois le 15 juin 1865. Ainsi, la vie n’exemptera pas Pasteur de son lot de malheurs. Il perd sa fille Camille en septembre de la même année, puis Cécile le 23 mai de l’année suivante. René Vallery Radot, gendre de Pasteur, écrit : Dans le cimetière d’Arbois, Pasteur connut là le fond de la douleur. Trois ans plus tard, le savant a une crise d’hémiplégie. Il a 46 ans et confie : Je regrette de mourir, j’aurais voulu rendre plus de services à mon pays. Pasteur se rétablit mais en conservera le bras gauche contracturé et une jambe raide. La défaite de 1870 l’affecte davantage encore au point que son patriotisme lui inspirera ses travaux sur la bière en 1871 : il se bat avec la science, cherche à concurrencer les Allemands en les attaquant sur leur boisson nationale… Très marqué par le culte napoléonien insufflé par son père, il voit d’un mauvais oeil la chute de Napoléon. Mais bien qu’il fut attaché à l’ordre du Second Empire, il a su accueillir avec enthousiasme la 2ème République et s’accommoder de la 3ème. L’Assemblée Nationale vote d’ailleurs une récompense pour le remercier de ses travaux dont les conséquences économiques sont considérables. Ses amis croient qu’il va enfin s’arrêter et jouir de sa retraite mais il reprend ses recherches et conclut ses études sur la fermentation de la bière, en publiant un livre : "Les études sur la bière et les conseils aux brasseurs". Il poursuit ses recherches et met successivement au point le filtre Chamberland, l’autoclave et le flambage des vases. À la suite des études de Robert Koch, Pasteur découvre le staphylocoque. Pendant six ans, le Français et l’Allemand étudient les maladies et leurs microbes. Durant l’été 1879, Pasteur et ses collaborateurs, Roux et Duclaux, découvrent que non seulement les poules auxquelles on a inoculé des cultures vieillies du microbe du choléra des poules ne meurent pas mais qu’elles résistent à de nouvelles infections : c’est la découverte du vaccin. Le 5 mai 1881, pour la première fois, un troupeau de moutons est vacciné contre la maladie du charbon. En 1880, Pasteur entame ses recherches sur la rage. Il remarque que la moelle infectée et desséchée protège de la maladie. Le 6 juillet 1885, alors qu’il hésite toujours à tenter sur l’Homme ce qui a réussi sur les chiens, on lui amène un petit Alsacien de Steige mordu par un chien enragé. Il hésite mais les plus grands médecins estiment que c’est la seule chance de survie pour l’enfant. Sous leur responsabilité, ils font procéder à la vaccination.

Un grand Homme


On a reproché à Pasteur son autoritarisme. On a pu lui reprocher aussi un certain opportunisme. En fait, Louis Pasteur n’était qu’un homme. Son angoisse de contamination lui a certainement fermé les portes de la politique tant il lui était difficile de serrer la main de ses électeurs par peur irraisonnée des microbes. Ses colères légendaires, preuve de franchise ainsi que d’une grande sensibilité, étaient aussitôt regrettées. Et puis l’icône n’en est que plus humaine. Il est vrai que sans aller devant les honneurs, jamais il ne les refusera. Sauf peut-être un jour de 1870 où il renvoie, patriotisme oblige, à l’Université de Bonn, son diplôme de Docteur en médecine. On reproche aujourd’hui à Pasteur beaucoup de choses. Certains extrémistes anti-vaccin vont même jusqu’à l’accuser de mystification scientifique et voudraient en finir avec lui. Mais c’est oublier que grâce à ses travaux, les autorités sanitaires ont pu faire passer les messages sur l’hygiène, indispensable dans les hôpitaux et les habitations. En outre, l’éradication de la variole grâce à la vaccination est un fait historique.
Louis Pasteur a eu, à juste titre, des funérailles nationales en 1895. Toutefois, ses restes ne sont pas au Panthéon, comme ceux de Victor Hugo, son illustre contemporain, mais seulement dans une crypte de l’Institut qui porte son nom.

 

Gilbert Roux

 

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