La santé et la forme
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      Alcoolisme :
      aider le malade à s’en libérer

      Alcoolisme : aider le malade à s’en libérer
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      Alcoolisme et dépression sont deux sujets de santé publique particulièrement prééminents, de nature et de caractéristiques différentes bien qu’ils affectent souvent un même sujet. Pour tenter d’examiner comment ils se combinent et s’agrègent, il importe d’analyser au préalable leurs caractéristiques respectives.

      L’alcoolisme, au contraire de la dépression, relève d’une cause simple, objective, immédiate et matérielle. La consommation d’alcool entraîne des troubles pathologiques qui, d’ordre physique et/ou psychologique, affectent la conscience et le comportement : de l’euphorie au spleen, de la somnolence à la démence, en passant par l’inconscience, le fameux trou noir des alcooliques qui oublient ce qu’ils ont fait dans une situation donnée. Si la cause apparente est simple, les effets sont multiples, si variés qu’il est impossible de décrire un patient alcoolique type. On peut être alcoolique sans être dépressif et, inversement, dépressif sans être alcoolique.

      Qu’est-ce que la dépression ?


      L’examen de la dépression permet de faire une description relativement générale de ceux qui en sont affectés ; cependant, il est difficile d’en déterminer les causes objectives et subjectives, multiples et complexes. La dépression est caractérisée par l’affaiblissement du désir, du goût de vivre, le tarissement du nombre des plaisirs des plus élémentaires aux plus élaborés. La relation au monde extérieur et aux autres devient pénible, frustrante et dévalorisante, au lieu de susciter curiosité, intérêt et énergie. Le patient dépressif considère l’Univers comme hostile et maléfique ; il n’en attend rien de bon et le pire lui semble le plus probable, même si des mots ou des attitudes de dénégation semblent indiquer le contraire à un observateur superficiel. Un tel état s’accompagne d’angoisses, de sentiments plus ou moins conscients de culpabilité, ne serait-ce qu’en raison d’une inertie telle que l’accomplissement des tâches les plus élémentaires devient difficile ou impossible. Tout ceci conduit à une très mauvaise image de bon à rien. Inerte, le patient dépressif n’est pas apathique pour autant. Grande est sa souffrance alors que ses moyens de l’exprimer, et donc de l’alléger, sont faibles ou inexistants.
      À partir de ces éléments de définition et description, il est possible de se demander comment l’alcool intervient dans la dépression, de quelle manière se constitue dans la durée un système alcoolo-dépressif original, par quels moyens il peut être déconstruit.

      Installation dans la dépression et intervention


      Il se dit fréquemment que l’alcool, psychotrope incontestable, aurait des effets anti-dépresseurs dans une première période après laquelle, au contraire, il apporterait des conséquences aggravantes. Cet effet initial bénéfique mérite d’être discuté. En fait, l’alcool masque la dépression, la rend supportable à celui qui en souffre. Il joue d’abord un rôle d’anesthésique. Il abrase la part de réalité que le déprimé perçoit comme douloureuse et hostile, y compris de sa propre image. Il recherche donc l’abolition de la conscience qu’il a de sa souffrance : Morte la bête, mort le venin. S’il est sain et normal d’éviter, d’atténuer ou de supprimer la souffrance, il est en revanche impossible de vivre sous anesthésie permanente. La vie réelle se fonde sur un équilibre dynamique entre plaisir et souffrance. Or, le dépressif cherche par tous les moyens à échapper à ce processus. Il est en quête d’un Nirvana. L’alcool est un des moyens les plus sûrs et les plus efficaces d’y parvenir. Le jour et la nuit s’effacent, les rythmes fondamentaux du sommeil et de l’alimentation se dérèglent, les autres êtres humains s’estompent dans le brouillard d’un état intermédiaire entre veille et sommeil. Ainsi compris, l’alcool n’est pas tant un anti-dépresseur qu’un dépresseur. En effet, la dépression reste à l’œuvre. Simplement, celui qui la subit n’y est plus sensible et en est de moins en moins conscient. C’est alors que dépression et alcoolisme s’installent et constituent un système malheureusement solide et cohérent. Le signe le plus évident de la mise en place de ce système est l’apparition de la sensation de manque, qui ne se limite pas, loin de là même, aux symptômes physiologiques, que quelques jours de sevrage permettent de dissiper. Le manque, c’est ressentir chaque instant qui passe comme invivable. Le temps devient persécuteur. Les souvenirs sont mauvais, l’avenir fermé ou catastrophique. Dans ces conditions, le présent n’a plus aucun sens, aucune valeur. Tous ces sentiments négatifs et pathogènes prennent un relief et une acuité presque insoutenables lorsque le manque se fait sentir. Alors, il semble qu’il ne reste qu’un moyen d’y échapper : boire jusqu’à leur extinction. L’alcool devient le régulateur principal de la vie psychique et de ce qui subsiste de comportement social. Il étend son emprise à presque tous les aspects de la personnalité, de la sensation à l’expression qu’il désinhibe jusqu’à un certain point. Mais ainsi occultée, la dépression revient au galop dès que le dosage est insuffisant. Non seulement elle revient mais elle est amplifiée. En effet, une des caractéristiques générales de l’alcool est d’accentuer les tendances psychologiques préexistantes. Un personnage violent passe à l’acte ou deviendra très violent, un sujet dépressif très dépressif, un paranoïaque délirant. À ces constatations, peut être objecté que la timidité n’est pas renforcée, mais atténuée par l’alcool. En réalité, il n’y a pas contradiction. La timidité est un aspect de la peur, comme l’indique l’étymologie. Or, la peur est une souffrance et une humiliation, une des composantes de l’état dépressif. Donc, l’alcool joue son rôle d’anesthésiant qui, appliquée à la peur, devient désinhibiteur de tendances profondes, plus ou moins conscientes.
      Lors de ses crises de manque, au réveil, par exemple, quelle que soit l’heure, le sujet a conscience de son état, de sa faiblesse, au moins physique, de sa souffrance qui, désocialisée, lui apparaît intense, unique et irrémédiable de sa dépendance et de sa dégradation. Cette horreur de son état présent, accentué par quelques désagréments physiques, comme des tremblements, le conduit à boire. Alors, le cercle se ferme. Le système alcoolo-dépressif est constitué : Je souffre, donc je bois ; je bois, donc je souffre… La conscience du système et de sa récurrence, chez ceux qui sont relativement lucides et intelligents, constituent une souffrance supplémentaire qui offre un motif de plus de boire et conduit à s’installer dans une résignation morne et désespérée.

      Déconstruire le système alcoolo-dépressif


      Plus le temps s’écoule, plus le système est solide et extensif, se nourrissant de lui-même et s’étendant progressivement à tous les aspects de la personnalité. De plus en plus fermé, il donne de moins en moins de prise aux interventions extérieures. Selon les voies et moyens qui leur sont propres, l’alcoologie et la psychiatrie tentent d’interrompre le fonctionnement de ce système catastrophique.
      En première analyse, le traitement de l’alcoolisme semble être le meilleur moyen d’ouvrir une brèche dans le système. En effet, l’alcool étant un facteur matériel et physique parfaitement défini et identifiable par tout un chacun, il constitue le maillon faible et offre un levier facilement utilisable, préalable nécessaire, mais non suffisant, pour traiter la dépression. Un sevrage mécanique peut s’effectuer en quelques semaines. Il peut donner au patient un sentiment de réussite et resituer dans le temps. Il y a un avant et un après. Lorsqu’il apparaît, ce qui n’est pas toujours le cas et est rarement durable, il entraîne un répit propice au traitement de la dépression. Un répit, pas une guérison. En effet, l’abstinence d’alcool ne supprime pas la dépression. Elle la remet à l’ordre du jour. Et là, le discours tenu par les alcoologues et les soignants joue un rôle fondamental.
      Il est essentiel de dire à un patient alcoolo-dépressif que, s’il souhaite réellement aller mieux, il est nécessaire qu’il s’abstienne de boire. En revanche, opposer l’enfer immédiat et passé de l’alcool au paradis futur de l’abstinence relève de l’escroquerie morale et intellectuelle, voire de l’imbécillité. Certaines cassettes vidéos à visée pédagogique sont à cet égard éclairantes, aveuglantes même. Si les thérapeutes de toute famille n’ont pas la lucidité et le courage de reconnaître que la souffrance du patient alcoolo-dépressif n’est pas liée principalement à l’alcool, ils suscitent un rejet chez les plus intelligents et des illusions chez les autres. Dans les deux cas, la rechute sera hautement probable, la souffrance redevenant consciente et sensible. Il importe donc que le milieu alcoologique prenne en compte cette souffrance, même s’il n’est pas en situation de la traiter complètement.
      En effet, l’alcoologie joue sur le court terme, les dépressions graves et avérées ayant des sources très anciennes et des prolongements durables. Face à un patient alcoolo-dépressif, un alcoologue ne doit s’engager que sur ce qu’il peut tenir : l’aider à cesser de boire, limiter sa souffrance par tous les moyens pharmacologiques efficaces, l’orienter vers un traitement psychologique spécifique. Sur ce dernier point, il peut être judicieux, contrairement à l’orthodoxie qui préconise l’autonomie de la demande, de forcer un peu la main du patient, l’aboulie étant caractéristique de la dépression. Le pronostic sera peut-être moins bon mais cela donnera quand même une chance supplémentaire au patient. Enfin, à la frontière de l’alcoologie et de la psychiatrie, il serait utile de réfléchir aussi sur le vocabulaire en usage. Les mots ne sont jamais innocents. Ainsi, le mot rechute est d’un emploi si évident et automatique qu’il en devient presque inconscient. Pourtant, pour le patient son effet est désastreux. Il indique la répétition et la chute. Il vaut mieux dire : Si vous traversez une nouvelle crise que Si vous avez une rechute. Dire, avec Héraclite, On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, hommage au courant de la vie, est plus encourageant que C’est toujours la même chose.
      Ces quelques réflexions incitent à conclure que l’alcoolo-dépression est une pathologie spécifique qui ne peut se réduire ni à l’alcoolisme ni à la dépression, d’où la difficulté de la traiter. Pour y voir plus clair et progresser dans ce domaine, il serait intéressant de confronter les points de vue d’alcoologues et de psychiatres sur les mêmes patients et, c’est le plus important, sur une assez longue durée autour de quelques données et questions simples :
      1. Quels étaient les diagnostics et les pronostics familiaux ?
      2. Quels ont été les faits marquants, prévisibles et imprévisibles de l’évolution ?
      3. Quels sont l’état et la situation d’un patient à terme d’environ 5 ans ?
      4. Points de vue et réflexions rétrospectifs des principaux intervenants.
      Larochefoucaud écrivait qu’il est plus facile de connaître l’homme en général qu’un homme en particulier. Ce sont ces deux bouts de chaîne qu’une médecine humaniste et efficace doit tenir.

       

      Daniel Chen

       

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