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La santé et la forme
dans Signes & sens
Certains médicaments
peuvent-ils rendre malade ?
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Si l’automédication sans médiation médicale reste une possibilité intéressante pour traiter certains symptômes bénins, il s’agit cependant de garder à l’esprit que tout médicament, aussi efficace soit-il, possède son corollaire inversé en terme de danger…
Certes, de nombreux remèdes restent en vente libre et incitent à les consommer de manière courante. Toutefois, le pharmacien, de par sa formation, est à même de donner des informations complémentaires en lien avec le symptôme. Il reste donc important de ne pas s’improviser spécialiste. La mine de connaissances qu’offre Internet ne doit pas faire oublier que la médecine ne se résume pas à l’application de recettes « miracle ». Les statistiques montrent que beaucoup de Français, quitte à se rendre réellement malade, cèdent souvent à la tentation de vouloir dissoudre leurs maux dans l’effervescence des cachets.
Des risques de dérive
Le médicament a formidablement évolué depuis à peine cent ans. Si au début du XXème siècle, seuls étaient considérés comme tels une douzaine de produits de synthèse et une centaine de produits naturels, aujourd’hui la réalité s’est totalement inversée. La pharmacopée du XXIème siècle offre une kyrielle de substances synthétiques contre très peu de remèdes naturels, même si on assiste actuellement à une tentative de rééquilibrage. Les différents scandales relatés par la presse, notamment à propos du Médiator, montrent que les risques de dérive existent bel et bien. Outre une actualité qu’il n’est pas utile de dramatiser plus que nécessaire, beaucoup de médecins adhèrent cependant au constat du docteur Bernard Bégaud, ex-membre de la commission de pharmacovigilance, déclarant haut et fort devant la justice que près de 6 000 décès annuels sont dus à un abus inconsidéré de médicaments. La France, déclare-t-il à la barre, est un pays qui depuis toujours surveille très mal l’usage des médicaments… Ainsi le Médiator, à l’origine antidiabétique, aurait été largement détourné comme coupe-faim et utilisé à des fins d’amincissement…
Un usage inconséquent
Gardons bien à l’esprit que, s’ils restent très utiles pour calmer une douleur ponctuelle, le paracétamol, certains anti-inflammatoires en vente libre ou l’aspirine, pris de façon abusive, provoquent des effets secondaires graves : hémorragies digestives, insuffisance rénale et même hépatite médicamenteuses. Selon le docteur M., ancien président régional de l’ONG « Pharmacien Sans Frontières », si le médicament est aujourd’hui accusé de provoquer plusieurs milliers de décès par an, c’est bien à cause de l’usage qui en est fait… Là, l’industrie pharmaceutique n’est absolument pas en cause puisqu’elle accompagne obligatoirement tout médicament d’une notice explicative et préventive détaillée. La responsabilité revient plutôt à cette tendance actuelle à vouloir à tout prix se soigner sans consulter un professionnel. D’autant que l’automédication se complique parfois d’une poly-médication : prise de plusieurs médicaments qui peuvent se contrarier et aboutir à une véritable maladie. On parle même parfois de « nomadisme médical », cette attitude légitime – mais qui peut avoir aussi ses effets pervers – consistant à consulter plusieurs spécialistes en se gardant de prévenir son médecin généraliste habituel. Un patient peut se retrouver avec 3 prescriptions différentes, tout en étant incapable d’en faire la synthèse, avec bien sûr le risque des mauvaises interactions…
Une question de bon sens
Alors qu’il est logiquement destiné à recouvrer la santé, le médicament (autrefois encore appelé « drogue ») se retourne toujours contre son utilisateur lorsqu’il n’est pas adapté à son terrain somatique ou psychosomatique et quand sa prise ne connaît pas de limites. La sagesse et le bon sens consistent à faire confiance au sujet plutôt qu’à l’objet. Autrement dit, en matière d’automédication, lorsqu’un symptôme ne disparaît pas au bout de 7 jours (durée symbolique utilisée autrefois par les médecins de campagne), il convient de ne pas insister et d’en référer à un spécialiste. Il en est à l’identique pour les produits naturels. Les herboristes sont de très bon conseil, eux qui ont appris que tout dans la nature n’est pas exempt d’effets néfastes. Une plante peut aussi avoir quelquefois des conséquences dommageables pour l’organisme. Ainsi, même si nous vivons à une époque où la pharmacologie, qu’elle soit naturelle ou synthétique, fait d’immenses progrès, à chacun d’entre nous de ne pas détériorer sa santé. Autant dire qu’il est le plus souvent incontournable de recourir au savoir des médecins dont le métier consiste à nous protéger aussi de nous-mêmes. Leur objectif éthique ? Que le principe de guérison, inhérent à l’être humain, fasse son œuvre avec le remède véritablement approprié…
Alain Svetic
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