La contraception d'urgence, bien utilisée, éviterait plusieurs milliers d'interruptions volontaires de grossesse chaque année en France... Effectivement, il s'y pratique plus de
200000 IVG par an, alors que la contraception est utilisée par 70 % des femmes, un des plus fort pourcentage d'Europe. Ce chiffre de 200000 reste globalement stable mais le nombre d'IVG continue à augmenter dans la région parisienne et dans le sud-est.
Les causes en sont multiples, souvent difficiles à cerner, encore plus difficiles à corriger et, quelles qu'elles soient, il faudra beaucoup de temps pour arriver à un résultat acceptable. C'est là que la contraception d'urgence prend toute sa place et tout son sens ; elle n'intervient pas sur les causes elles-mêmes mais elle permet d'en réduire les conséquences dans l'immédiat, proposant à plusieurs milliers de femmes d'éviter le recours à l'IVG.
Cette nouvelle contraception doit être utilisée après tout rapport à risque de grossesse non désirée, soit par absence de contraception, soit par défaillance de celle-ci. Notons à ce sujet que les oublis de pilule et les accidents de préservatif représentent 10 % des demandes d'IVG.
La contraception d'urgence, c'est quoi ?
Un produit hormonal à base de
levonorgestrel, produit dérivé de l'hormone ovarienne et utilisé dans certaines pilules ; il est présenté sous forme de deux comprimés à prendre en une seule prise.
Quand avoir recours à cette contraception singulière ?
Le plus rapidement possible après le rapport à risque, si possible dans les 12 heures, utilisable jusqu'à 72 heures.
Quelle est son efficacité ?
Très grande, près de 90 % mais... pas 100 % ; de fait, en cas d'absence de règles, il faudra faire un test de grossesse et consulter un médecin.
Elle agit comment ?
Il s'agit d'une contraception. Son mécanisme n'est pas complètement élucidé mais l'essentiel reste le blocage de l'ovulation, ce qui explique qu'elle ne peut être efficace si le rapport est trop proche de celle-ci.
Est-elle bien tolérée ?
Oui, il n'y a pratiquement jamais d'effets secondaires. On peut parfois noter de rares nausées.
Existe-t-il des contre-indications ?
Non, c'est ce qui a permis depuis 2002, pour un produit répondant à ces critères, la délivrance sans ordonnance par les pharmacies, donc sans consultation médicale (qui permet, elle, son remboursement), ainsi que gratuité et anonymat pour les mineures.
En résumé et en pratique, la contraception d'urgence s'entend comme une technique simple, sans contraintes. Elle ne remplace certes pas une contraception classique mais elle va permettre de répondre justement à l'urgence et ce, d'autant plus facilement que sa prescription pourrait déjà accompagner celle d'une pilule ou une information contraceptive.
Éviter l'oubli
Actuellement, les laboratoires cherchent à mettre à la disposition des femmes des produits innovants visant à éviter au maximum le classique oubli de pilule : pilules combinées à prendre en continu, sans avoir à respecter l'intervalle habituel entre deux plaquettes,
patch à ne changer que de façon hebdomadaire, anneau à garder en place trois semaines, stérilets et dispositifs sous-cutanés mis en place pour plusieurs années... Quoi qu'il en soit, tous ces efforts conjugués permettent de rester confiants et optimistes quant à une diminution suffisamment importante du recours à l'interruption volontaire de grossesse.
Docteur Laurence Pescay
