À supposer qu’un régime miracle pour mincir existe, encore faudrait-il qu’il ne pose pas un déni sur la nécessaire harmonie entre plaisir et besoin. Les spécialistes de la psychologie, toutes tendances confondues, reçoivent malheureusement encore trop de patients qui, ayant expérimenté scrupuleusement des kyrielles de méthodes, ont fini par développer un sentiment d’échec préjudiciable à leur équilibre. La raison : une certaine crédulité qui consiste à penser que le corps est une machine à maîtriser à tout prix à force de volonté. C’est oublier un peu rapidement que l’être humain est un tout indissociable, que la recette qui semble fonctionner pour un individu peut se révéler catastrophique pour un autre. Tous les régimes, aussi sérieux soient-ils, ne sont efficaces que si l’on y adhère sans obsession, tout en ayant conscience qu’ils ne sont pas le césame du bonheur parfait.
L’angoisse des kilos en trop constitue le premier maillon faible qui pousse un individu à se précipiter avidement sur le dernier régime à la mode, pour en essayer un autre lorsque les résultats ne sont pas à la hauteur escomptée. Il s’agit-là d’un phénomène de société qui, fort heureusement, dupe de moins en moins de monde. Les cas dramatiques de certains mannequins anorexiques ont permis au moins de sensibiliser le grand public sur le fait que l’idéalisation excessive de la plastique corporelle masque une grande souffrance.
L’effet yoyo
Expérimenté régulièrement par la majorité des candidats aux régimes minceur tous azimuts, l’effet yoyo se caractérise par la perte fulgurante de quelques kilos, suivie par leur récupération avec quelquefois des intérêts, c’est-à-dire en accusant un poids supérieur à celui existant avant le régime. Le désarroi est alors grand, l’estime de soi en prenant bien évidemment un coup. Certains nutritionnistes avancent le fait que la privation plus ou moins longue qui accompagne un régime modifie la sécrétion de certaines hormones comme la ghréline (régissant la sensation de satiété) et la leptine (régissant la sensation d’appétit). Ainsi, à l’issue d’un régime, nos hormones nous incitent à manger plus que par le passé. Sur un plan psychologique, Peter Herman et Janet Polivy, chercheurs canadiens, ont montré que lorsque l’on suit un régime restrictif, les
stimuli visuels, olfactifs et gustatifs sont exacerbés en situation de stress. Ce qui explique que lorsque l’on craque, on a tendance à dépasser la mesure. Quant à la psychanalyse, elle avance l’existence d’une vie inconsciente complexe qui tire souvent les ficelles de nos comportements alimentaires à notre insu. De fait l’effet yoyo résulte-t-il d’une inadéquation entre le régime décidé au conscient et la vie pulsionnelle inconsciente.
Des limites à respecter
Stopper la folie des régimes consiste à en finir avec un narcissisme persécuteur. Celui-ci déclenche, in fine, un besoin inconscient de punition pouvant installer, à plus ou moins longue échéance, de graves épisodes dépressifs. Une spirale démoniaque se met en place : après chaque effet yoyo, l’adepte des méthodes « miracles » s’astreint à un régime encore plus strict que le précédent jusqu’à se retrouver largement en surpoids. Les médecins constatent, à la fin du périple, une prise finale de poids de 20 % supérieure à la masse initiale. Le premier conseil à suivre pour éviter cet engrenage : ne plus se laisser abuser par un régime qui assure un amaigrissement maximum en un minimum de temps. Deuxième conseil, ne pas envisager un régime comme relevant d’un parcours du combattant. Enfin, veillez à consulter votre médecin ou un diététicien sérieux chaque fois que vous avez l’impression qu’un régime exclut abusivement certains aliments.
Mieux dans sa tête, mieux avec son poids
Les dérives des régimes n’ont aucune prise sur des sujets qui privilégient l’être plutôt que le paraître. Ce qui ne les empêche aucunement de suivre quelques règles alimentaires liées au bon sens lorsqu’ils en éprouvent la nécessité. Par ailleurs, il serait erroné, quand on désire s’alléger de kilos superflus, d’oublier le sport. La pratique d’une activité physique de détente, des massages minceur, une prise de conscience des aspects émotionnels incitant à la prise de poids, représentent ainsi autant d’outils qui, harmonieusement conjugués, conduisent à être mieux dans sa tête et donc mieux avec son poids…
Damienne Rollin
