À l’origine de ce fléau des temps modernes, le virus HIV, un virus minuscule et très sensible qui ne parvient à survivre qu’en milieu spécifique. C’est pourquoi sa transmission à un organisme récepteur ne peut se faire qu’à travers le sang et le sperme. Hors de l’organisme humain, le virus meurt… On suppose que certains singes d’Afrique Centrale seraient le réservoir naturel de ce virus du SIDA, (spécialement le singe vert).
Le virus est identifié pour la première fois chez un toxicomane, à New-York, vers la fin des années 70. Avec la mise en commun des seringues, le virus se répand d’abord dans le cercle des drogués puis il gagne le milieu des homosexuels où il se propage par les rapports sexuels. Jusqu’à présent les homosexuels figurent au premier plan des groupes à risque, sans doute à cause de leur mode de rapports sexuels. Ceux-ci provoquant très souvent des blessures de la muqueuse sensible du rectum. De cette façon, les spermatozoïdes infectés par le virus pénètrent dans la circulation sanguine. La muqueuse vaginale semblant être moins sensible à ce genre de blessure. Le SIDA apparaît précisément au moment où les homosexuels des Etats-Unis ont réussi à améliorer et à légitimer leur position sociale. Au même moment, il est reconnu que le SIDA est tout aussi répandu chez les hétérosexuels du Centre Afrique. Cependant, ce sont les cercles homosexuels américains et européens qui semblent avoir favorisé la propagation de la maladie. Alors que presque tout un chacun considère les libertés sexuelles comme acquises, celles-ci se trouvent menacées par le SIDA. Les uns le déplorent et les autres y voient la justice divine. Il est certain que le SIDA n’est pas uniquement un problème individuel. Il est devenu un problème collectif qui nous concerne tous.
Quatre caractéristiques du symptôme
Le SIDA entraîne l’effondrement immunitaire du corps humain. Celui-ci perd ses capacités de protection face aux agents pathogènes provenant de l’extérieur. Cette faiblesse rend les personnes atteintes par le virus vulnérables aux infections (comme dans certaines formes de cancer). Du fait d’une très longue période d’incubation (il peut s’écouler plusieurs années entre le moment de la contamination et celui de la déclaration de la maladie), le SIDA est un adversaire invisible et par conséquent difficile à combattre. Étant donné que le virus ne peut se transmettre que par le sang ou le sperme, il nous fait réaliser de manière frappante notre dépendance aux autres. Le SIDA est considéré comme une maladie reliée à la sexualité, voire à l’amour.
Amour et sexualité
Quand nous parlons d’Amour, nous évoquons le sentiment de l’âme et non l’acte physique. Si nous parlons d’amour physique, nous employons le terme sexualité. À notre époque et dans notre culture, nous avons un problème de compréhension. L’Amour vise en premier lieu l’âme de l’autre et non son corps, alors que la sexualité s’adresse au corps de l’autre. Tous deux ont leur raison d’être. Comme toujours, ce qui est dangereux, c’est l’approche unilatérale des choses. La vie est équilibre. Entre Yin et Yang, haut et bas, gauche et droite. En d’autres termes, nous pouvons dire que la sexualité doit être équilibrée par l’Amour. Or chacun, sous prétexte de liberté sexuelle, veut entrer en contact direct avec l’autre. Mais il le fait sans réelle participation de son être profond. Il n’est donc pas étonnant que les nouveaux moyens de communication soient mis au service de la sexualité : annonces et rendez-vous dans les journaux, sexe par téléphone, Minitel rose… Dans ces cas-là, la sexualité est utilisée pour combler son propre désir charnel, le partenaire étant un moyen pour y parvenir. Finalement, l’autre n’est pas indispensable. Le désir peut être satisfait par téléphone ou tout seul (masturbation). Il en va tout autrement de l’Amour. À travers lui, nous cherchons vraiment à rencontrer un autre être. Une rencontre avec l’autre est source d’angoisse car cet événement nous remet en question. La rencontre avec une autre personne est toujours une rencontre avec notre propre ombre et c’est la raison pour laquelle la vie à deux est si difficile. L’Amour est donc plus labeur que plaisir. Il ébranle les frontières de notre ego et nous incite à nous ouvrir. La sexualité est très utile à l’amour. Elle permet de dépasser nos délimitations sur le plan physique pour vivre l’unité. Si nous refusons l’Amour et vivons seulement au niveau de la sexualité, celle-là ne parviendra pas à atteindre son but qu’est l’unité. Or, nous nous acharnons à cacher et à substituer notre manque de disponibilité à l’Amour en accentuant la sexualité. Actuellement, l’humanité accorde trop d’importance à la sexualité et pas assez à l’Amour, qui s’enfonce dans l’ombre. Nous sommes confrontés à un problème collectif qui concerne toute notre civilisation occidentale.
Thorwald Dethlefsen*
*Pour en savoir plus, lire :
« Un chemin vers la santé, sens caché de la maladie
et de ses différents symptômes »,
de Thorwald Dethlefsen et du Dr Rüdiger Dahlke,
Éditions Ambre.
Le préservatif : une nécessité
À la différence d’une maladie comme le cancer, physiquement non transmissible, le SIDA nous rend conscient que nous ne sommes pas seuls au monde. Finalement, tout état de séparation est une illusion. Nous faisons partie d’une communauté, d’un tout. En tant que partie de ce tout, nous sommes responsables. Le malade du SIDA se trouve confronté à cette responsabilité et à la nécessité d’y faire face. Le SIDA contraint finalement l’être à se responsabiliser, à prendre l’autre en considération et à le respecter. Le SIDA amène à renoncer à toute agressivité liée à la sexualité. Si le sang coule, le partenaire sera contaminé. Par l’usage du préservatif, une nouvelle frontière ou limite est artificiellement érigée. Par l’abandon d’une sexualité agressive, le malade se donne la possibilité de découvrir la douceur et la tendresse.
