La doyenne européenne a 115 ans ! Elle s'appelle Emma Moreno. Italienne, elle a donc vu le jour en 1900... Elle fait partie de ceux que l'on nomme désormais les " supercentenaires ", ayant franchi le cap aussi honorable qu'exceptionnel des 110 ans...
Compte tenu des énormes avancées de la médecine, un constat s'impose : aujourd'hui, les centenaires sont monnaie courante, ou presque ! Ils seraient 330000 environ dans le monde et la poursuite de ce recensement pourrait avoisiner les 3 millions d'ici 3 décennies... Par contre, il semble tout de même difficile de rajouter 10 petites années et plus à cette destinée extraordinaire qui appartient encore à de rares " élus " (53 a priori), dont certains ont même traversé 3 siècles en fonction de leur date de naissance ! Ces chiffres sont vérifiables mais l'humanité, malgré des statistiques sérieuses, n'arrivera certainement jamais à expliquer pourquoi des vies s'étirent étonnamment dans le temps, tandis qu'un décès prématuré peut anéantir une famille, telle celle du pilote de Formule 1 Jules Bianchi qui vient d'annoncer sa mort à seulement 25 ans, des suites de son accident survenu lors du Grand Prix du Japon en octobre dernier. Ces différences, ces écarts, nous perturbent, d'autant plus que nous n'y pouvons rien... Si le Ministère de la Santé se mobilise concrètement pour transmettre des consignes utiles en matière de prévention pour que notre organisme ne nous joue pas de vilains tours, comme en cette période de canicule, il n'en reste pas moins vrai que c'est la face cachée de réactions individuelles qui tient le gouvernail comme bon lui semble : cette zone abstraite pour le commun des mortels parvient ainsi à mettre en échec, dans grand nombre de cas, jusqu'à la sagesse la plus aboutie. Effectivement et à l'inverse d'une croyance surmoïque hypothétique, garantie supposée de quelques mois de bonus brigués sur terre, tout individu supercentenaire a cependant sûrement dû commettre au cours de son existence quelques excès en termes de cuisine ou de " conduite ", au sens propre comme au sens figuré ! Et pourtant...
Devenir supercentenaire ne me fait d'ailleurs pas rêver dans la mesure où, déclenchant mon imaginaire à cette idée, les images qui s'imposent à moi ne sont pas particulièrement positives : la dépendance me fait peur ! En parallèle, je ne voudrais surtout pas devenir une gêne pour mes proches. Et même en faisant l'effort de me dire que si tel est mon destin je ne pourrai que l'accepter, j'entends déjà mon entourage familial - qui serait alors ce qu'il serait ! - se demander quand il se trouvera enfin libéré de ce fardeau constitué de ses visites régulières pour faire bonne mine auprès de la Maison de retraite, redoutant d'être jugé par un personnel suspicieux... Je n'exagère qu'à peine ! Ceci étant, les supercentenaires perdent l'essentiel de leurs capacités initiales à communiquer et, par conséquent, il s'avère impossible d'avoir leur avis sur leur vénérable posture. Autrement formulé, que se passe-t-il dans le psychisme de ces sujets mis dorénavant en observation constante ? Nul ne le sait mais peut-être se disent-ils tout simplement : " Si j'avais su... " ?
Carole Vallone