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La psycho
dans Signes & sens
Si le début du XXème siècle a vu naître « Bécassine » (1905), puis « Zig et Puce » (1925) qui voyageaient à travers le monde accompagnés de leur célèbre pingouin Alfred, dans les années 50 et 60 « Bleck le Rock », « Zembla » et autres « Spirou » ont fait le bonheur des petits et des plus grands. Aujourd’hui, cette littérature a acquis ses titres de noblesse. Le réputé Salon d’Angoulême attire maintenant des lecteurs de tous les âges, de tous les pays et de tous les milieux culturels.
Le premier homme qui met en évidence l’intérêt pédagogique d’associer une image à un texte pour raconter une aventure est un Suisse du nom de Rodolphe Töpfer. On assure que Goethe lui-même s’enthousiasme du résultat. En France, citons Caran d’Ache qui influence l’auteur de « Pim, Pam, Poum ». Certains journaux comprennent l’attrait de ce nouveau genre et l’incorpore timidement mais sûrement dans leurs colonnes. Puis viennent les premiers albums réservés toutefois à un public jeune. Cet art naissant reste ainsi « mineur » à tous les sens du terme. Et à caractère essentiellement humoristique. Au point que lire une BD, jusqu’à une époque récente, ne faisait pas très sérieux…
L’âge frondeur de la BD
Si au début du siècle, les auteurs dessinaient pour les enfants et si les années 50 touchaient beaucoup plus les adolescents avec la création en 1959 du journal « Pilote », il faut toutefois attendre les années 70 pour que les adultes se sentent vraiment concernés. Les auteurs s’autorisent alors à élargir leur lectorat. Ainsi Barbarella, Rahan, Corto Maltesse s’adressent à un public plus mature. 68 étant passé par là, on assiste en même temps à une véritable libération de la bande dessinée pour adultes. À la limite de la subversion : « Fluide Glacial », « Charlie Hebdo » en sont les dignes représentants. Parallèlement, à partir des années 80, les albums de BD pour enfants se diversifient. Un nouveau héros voit le jour et captive par son humour et son impertinence : il s’agit de Titeuf ! À la même époque, c’est la création de deux grands salons spécialisés, celui d’Angoulême et celui de Bruxelles.
Une popularité exponentielle
Pourtant, et peut-être à cause de son côté frondeur, la BD reste, jusqu’à la fin des années 80, associée dans l’inconscient collectif à l’image d’adolescents incapables de lire de « vrais livres ». Mais c’est sans compter sur sa popularité grandissante. Les publications augmentent de façon exponentielle et finissent par briser les résistances d’une certaine psychorigidité intellectuelle. Les festivals fleurissent dans chaque coin de France et de Navarre. Les collectionneurs y font la queue pour avoir une dédicace de leur auteur favori. De jeunes créateurs créent leur site Internet et montrent leurs œuvres. La BD devient poétique, sociétale, culturelle et même people pour parvenir à prendre sa place en tant que genre littéraire à part entière que plus personne n’ose critiquer…
Une consécration tous azimuts
Avec « Joséphine ange gardien », tome IV, Mimie Mathy est consacrée héroïne de BD grâce au talent de Galdric et de l’illustrateur Thierry Robberecht. Les grandes figures de l’humanitaire ont leur biographie en bandes dessinées. C’est le cas de l’Abbé Pierre, de Sœur Emmanuelle et de bien d’autres encore. Alors qu’il y a seulement une dizaine d’années, lire une BD n’était donc pas très apprécié par l’ensemble de la société, aujourd’hui, l’Éducation Nationale elle-même a revu sa copie. Au point que l’étude de cette littérature fait partie des programmes d’apprentissage ! Et ce ne sont pas les élèves qui s’en plaignent. Il suffit de voir leur motivation dans une classe de CM2, lorsque l’enseignant leur parle de planches, de bulles, d’onomatopées, de tout ce qui fait lien avec le vocabulaire et la méthodologie, indispensables outils à l’analyse et à la création d’une œuvre… Des auteurs sont conviés à parler de leur métier dans les écoles, les collèges et les lycées. Mieux, des concours de BD sont organisés dans les Académies, récompensant la meilleure production. C’est dire tout le potentiel pédagogique et culturel qu’offre cette discipline.
Tous les âges et toutes les sensibilités !
Du classique « Boule et Bill », accessible dès 7 ans et même plus tôt pour certains, à la série « Les nouveaux mystères de Paris » dans laquelle Jacques Tardi restitue l’ambiance de la littérature populaire, en passant par les polars de Stéphane Piattzszek et de Stéphane Douay, il y en a vraiment pour tous les âges et toutes les sensibilités. Les collections de sciences et fiction, voire d’ésotérisme, suscitent un véritable engouement. Même la mouvance du Développement personnel et du bien-être s’expriment en bandes dessinées. Les bienfaits de la vitamine C, lorsqu’ils sont symbolisés à travers de drôles de petits personnages évoluant dans l’organisme tels de bons lutins, ont effectivement de quoi convaincre plus d’un lecteur…
Et les mangas ?
Il est une tradition japonaise qui est en train de séduire l’Occident, celle du manga : littéralement, le vocable signifie « image dérisoire ». En 1814, le célèbre peintre Hokusai nomme les images de grimaces qu’il dessine hokusai manga. À partir de là, le mot commence à se propager en Occident. Aujourd’hui, les auteurs de ce genre de bandes dessinées rivalisent avec les classiques occidentaux. Ainsi, les 42 tomes de « Dragon Ball » se sont vendus à plus de 250 millions d’exemplaires dans le monde, soit un nombre dépassant de 50 millions celui des 24 albums d’Hergé narrant « Les aventures de Tintin » ! Depuis 2006, la France est devenue le troisième pays, après le Japon et les États-Unis, à se passionner pour les mangas. Cette manière de dessiner a permis un renouvellement de la conception classique de la BD. Le dessin devient moins « statique ». Le découpage temporel et les cadrages d’un manga étant proches de celui du cinéma. À noter aussi qu’un manga comporte davantage de pages qu’une BD classique.
Cyril Chabert
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