Yehudi Menuhin, l'excellence

Yehudi Menuhin, l'excellence
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La musique du XXème siècle a marqué son temps grâce à Yehudi Menuhin, l’un des meilleurs virtuoses du violon au monde. Il nous a laissé en héritage l’image d’un artiste hors pair mais aussi d’un humaniste engagé.

Celui qui est aujourd’hui considéré comme un maître inspire à Albert Einstein un commentaire pour le peu étonnant venant de ce génie de la science : Maintenant, je sais qu’il y a un Dieu au ciel… Cela se passe en 1929, Menuhin a seulement 13 ans et vient de jouer les trois « B » (Bach, Beethoven, Brahms) devant le savant, avec le Philharmonie de Berlin, sous la direction du chef d’orchestre allemand Bruno Walter…

La poésie du violon
C’est, selon le musicien, en réaction à l’antisémitisme d’un propriétaire qui ne voulait pas louer son appartement à une famille juive, que le couple formé par Marutha Sher et Moshe Menuhin, issu d’une longue lignée de rabbins, décide de donner le prénom de Yehudi - dont le sens est « le juif » - à leur petit garçon qui voit le jour à New-York le 22 avril 1916. La famille vient de s’installer aux États-Unis après avoir émigré de Russie et être passée un temps par la Palestine. Moshe occupe un emploi de professeur d’hébreu et fait donner, dès l’âge de 5 ans, des leçons de violon à son fils. Son initiateur est Louis Persinger, le violon solo de l’orchestre de San Francisco. Mais la virtuosité n’est pas un but pour Yehudi qui privilégie la sensibilité à la technique. Il n’aura qu’une brève rencontre avec Eugène Isaye qui lui conseille de faire des gammes et des arpèges. Cependant, le jeune musicien préfère suivre son intuition et rester autodidacte, affinant son art en écoutant des enregistrements de Jascha Heifelz, violoniste virtuose russe de 15 ans son aînée. Rien n’arrivant par hasard, il fait une rencontre capitale en la personne de son véritable mentor qui le restera tout au long de son existence et qui lui enseignera « La poésie du violon » : il s’agit de George Enesco. Ce qu’il m’a transmis, par son exemple et non par ses paroles, confie Yehudi Menuhin, ce fut l’aptitude de transformer la note en un message vital, de donner une forme, un sens à la phrase, d’insuffler vie à la musique…

Une véritable mission
On raconte que le jeune Yehudi est consterné lorsque son professeur de français s’adresse à lui en ces termes alors qu’il n’a que 9 ans : Mon petit, tant qu’il y aura des hommes, il y aura la guerre… Depuis cet instant, le jeune prodige se sent investi d’une véritable mission. Je suis convaincu que la musique peut rapprocher les hommes et les guérir, dit-il à qui veut l’entendre. Joignant les actes à ses paroles, Yehudi Menuhin n’a de cesse de voyager pour transmettre son message. Dès l’âge de 23 ans, et durant toute la deuxième guerre mondiale, il donne plus de 500 concerts dans les hôpitaux et les bases militaires alliées de l’Angleterre jusqu’aux îles du Pacifique. Pacifiste convaincu, il est lourdement critiqué par la communauté juive lorsqu’à la fin des hostilités, il se produit à Berlin accompagné par Wilhelm Furtwängler, accusé de sympathie nazie. À contre-courant du « œil pour œil, dent pour dent », il organise en pleine guerre froide la venue aux États-Unis du pianiste Emil Gilels, ce qui ne l’empêche pas de critiquer Moscou en prenant position pour Soljenitsyne.

Un éclectisme inné
Yehudi Menuhin ne s’est pas contenté du patrimoine musical occidental. S’il joue avec maestria dans la lignée de violonistes intemporels comme Paganini, il sait aussi embrasser avec bonheur d’autres cultures musicales. L’une d’elle va l’attirer plus particulièrement par la philosophie qui lui est intrinsèque, c’est la musique indienne. Après sa longue tournée au quatre coins du monde, le musicien semble épuisé. C’est à ce moment qu’il découvre le yoga et la méditation. Tout naturellement, il se tourne vers Ravi Shankar et assimile la musique raga, mêlant rigueur et improvisation, ce qui correspond tout-à-fait à sa sensibilité. Certains diront qu’il s’agit-là d’exotisme mais c’est sans compter sur le désir du musicien de ne pas se laisser enfermer dans un certain académisme. L’essence de la musique, pour cet idéaliste, doit transcender les frontières.

Un pédagogue hors pair
Son souci de la transmission pousse Yehudi Menuhin à fonder un centre de formation destiné à l’initiation artistique des enfants. Ainsi crée-t-il les écoles Muse, véritable programme international destiné à inclure l’enseignement de la musique, du chant et de la danse - discipline inspirée par son épouse, la danseuse ballerine Diana Gold - dans les écoles primaires de zones défavorisées comme outils de prévention à la violence. L’équilibre entre la spontanéité et la référence à un enseignement reste la préoccupation essentielle de sa transmission, au point qu’il écrit dans son ouvrage « La leçon du maître », publié aux Éditions Buchet/Chastel : Vous pouvez réaliser tout de suite la note, grâce à votre talent et à votre désir de bien faire. Mais si vous avez quelqu’un à imiter, alors bien sûr, cela sera plus facile. Le désir de réussir, le talent, le bon maître, tels sont les atouts qui peuvent porter le violoniste pendant un temps… Le musicien est persuadé que l’art est une alternative à la bêtise humaine. Son ambition est véritablement de générer, par le biais de l’expression artistique, des hommes capables de canaliser leur énergie destructrice. L’écoute étant une qualité primordiale à développer. Il s’agit donc pour ce pédagogue hors pair de libérer la créativité de l’enfant, tout en lui proposant un cadre sécurisant. Un principe d’ailleurs en accord avec les théories psychologique et psychanalytique…

La leçon du maître
Jusqu’à l’aune de sa vie, Yehudi Menuhin fait preuve d’une énergie exceptionnelle. Littéralement porté par sa passion, à 82 ans il dirige encore 150 concerts par an. Une partie des recettes est investie dans la fondation des écoles Muse qui monte des projets artistiques à visée humanitaire partout dans le monde. Sous une apparente facilité, l’artiste reste un travailleur infatigable jusqu’à sa mort en 1999. Animé par une foi inébranlable, celui que sa femme s’amusait à traiter de rabbin a élevé la pratique musicale à une véritable activité spirituelle. Le philosophe Michel Serres, membre de l’Académie Française, de dire en évoquant sa mémoire : Menuhin n’avait jamais oublié que son prénom, Yehudi, signifie « le juif ». Il était, avant tout, un homme religieux… Pourtant, Yehudi Menuhin n’a exprimé tout au long de sa vie que sa passion pour le violon et comment en jouer. Mais peut-être que l’instrument, quel qu’il soit, n’est in fine qu’une médiation pour atteindre l’indicible ? Ultime leçon du maître !

 

Rémy Rousselet

 

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