La résilience et moi

     
    C'est un moment insolite, inattendu, parfois difficile de leur existence. Ils ont choisi de témoigner et de nous confier comment ils s'en sont sortis... seuls. Ils nous expliquent aussi ce qui a changé en positif et " pour de bon " dans leur vie à partir de l'obstacle ou de l'épreuve qu'ils ont eu à franchir et à dépasser. Si vous avez connu un épisode de ce type auquel vous n'étiez pas préparé, adressez-nous votre courrier qui sera lu et mis en ligne si son contenu a été sélectionné par la Rédaction...
     

    " J'ai rencontré
    un pervers narcissique "

    J'ai rencontré un pervers narcissique
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    Cynthia a 42 ans. Médecin, célibataire sans enfant, elle a rencontré Jean par Internet. Quinze jours après leur premier échange, ils dînent ensemble, se revoient le lendemain. Le couple s'installe chez la jeune femme le mois suivant. Lui est au chômage malgré ses nombreux diplômes...

    J'ai toujours eu un côté scout toujours mais, face à mon amoureux, je n'avais pas l'impression de faire une B.A. par rapport à son statut de chômeur.
    Beau comme un Dieu, attentif, bien élevé, intéressant, cultivé, drôle, Jean remettait toujours à plus tard ses démarches pour trouver un emploi. Je n'étais pas très inquiète dans la mesure où il me parlait - avec force détails - de son poste de comptable dans un grand hôtel de Cannes, poste qu'il avait perdu en raison de la crise... Pour moi, un comptable ne peut pas se mettre en danger ! Une année s'est ainsi écoulée et Jean commençait à parler mariage. Pourquoi pas ? Par contre, il ne voulait ni famille, ni amis à cette cérémonie. D'ailleurs, mes parents ne lui convenaient pas et peu à peu mes relations disparaissaient de mon quotidien. Jean me consolait en me disant que la vie à deux présente plus d'avantages que d'inconvénients... Nous voyagions, il dépensait allègrement mon argent et me faisait des cadeaux avec cet argent gagné à la sueur de mon front. Mais quelle délicatesse et quelle imagination lorsqu'il m'offrait une bague - superbe - pendant un dîner aux chandelles qu'il avait concocté avec les mets les plus fins ! Pour les vins, c'était aussi un connaisseur.
    Le soir de son 50ème anniversaire, un peu éméché (il ne buvait jamais d'habitude), il fit un lapsus en me racontant une histoire professionnelle assez invraisemblable qui se serait passée dans son hôtel de " Nice ", me dit-il... Curieusement, j'ai laissé glisser le lapsus mais j'ai commencé à voir cet homme autrement. Et surtout à l'observer et à l'écouter très attentivement. Je n'intervenais jamais dans ses promesses de mariage sans cesse différé, dans ses pseudo CV qu'il était censé envoyer, dans ses multiples rendez-vous avec des dirigeants d'entreprise qu'il m'assurait rencontrer... Il continuait à dilapider mon argent, mon compte en banque commençait à voir rouge et moi aussi. Paradoxalement, une sorte de paralysie à réagir augmentait pernicieusement et je travaillais de plus en plus.
    Un soir, j'ai trouvé la maison vide en rentrant. Je n'étais pas anxieuse car, sans me l'avouer encore, je souhaitais qu'il ne revienne pas. Le surlendemain (oui, oui !), il était là, campé devant moi, narrant un scénario complètement aberrant une fois de plus : il avait été enlevé par deux hommes par erreur et, pour retrouver sa liberté, il avait dû payer à ses agresseurs une somme d'argent en espèces qu'il avait pris soin de retirer de mon compte bancaire sur lequel il avait toujours procuration malgré mes doutes de plus en plus récurrents sur le personnage. J'ai fait mine de le croire pour pouvoir faire enfin le nécessaire dès le lendemain matin auprès de ma banque, c'est-à-dire bloquer mon compte, bien décidée aussi à changer les serrures de ma villa, ce qui était possible car Jean sortait beaucoup lors de mes absences, j'avais pu le constater. Une fois ces décisions mises en pratique, j'attendais de voir quelle serait la réaction de ce vrai pervers narcissique. Comme il n'avait jamais voulu de téléphone portable, il a sonné de façon agressive à l'interphone le premier soir de son expulsion, et ce, pendant plus d'une heure, pour que je lui ouvre. Lasse, je l'ai menacé d'appeler les services de police et... je n'en ai jamais plus entendu parler !
    Je n'ai toujours pas compris ce qui m'est arrivé avec cet homme, moi qui - dans mon quotidien - suis très cadrée et si organisée mais j'avais besoin de ce passage pour réaliser que je travaillais trop, que je courais après l'argent par peur de manquer et que j'étais, à l'époque, incapable de me poser.

     

     
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